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Bourlinguer
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1 janvier 2009

Y'a comme un MALLaise, Royaume de Malaisie

Photos ajoutées !

Il y a des procès qui se perdent, et d'autres qui mériteraient d'être intentés. L'organisme qui vient de se caler dans notre colimateur s'appelle "office de tourisme de Malaisie" ; c'est en tout cas lui qu'on a décidé de rendre responsable de nous avoir entrainé dans cette galère. Tout est parti en fait d'une pub à la TV : gros plans sur des marchés colorés, forêts luxuriantes s'ouvrant tout d'un coup sur d'incroyables ravins que franchissent des ponts naturels façon Tolkien, et un tas de gens de toutes origines, tellement souriants qu'on leur confierait nos passeports. Et puis pour pas trop blâmer nos cerveaux-éponges il y a eu aussi le soucis du travail bien fait qui a joué. Louper la Malaisie ça aurait été laissé un espace vide au milieu de voisins qu'on s'était fait un plaisir de visiter. On pourra nous faire remarquer que le Bangladesh etait dans la même situation et n'a pourtant pas eu l'honneur de notre passage, sauf que c'est très différent ; le Bangladesh n'a pas les moyen de faire passer ses pubs à la TV.

Les arguments publicitaires commencent pas faire illusion, c'est vrai que c'est très vert autour et dedans Kuala Lumpur. La vérité est un peu moins écolo : on doit cette surcharge de chlorophylle à des palmiers à huile plantés en place de la forêt tropicale afin de participer au miracle des biocarburants. Alarmant et pourtant rassurons nous, la déforestation à Borneo ou Sumatra est bien pire. Pour revenir à notre cité, on s'y déplace peinard, en suivant les lignes aériennes, esquivant les grattes-ciel pour se retrouver invariablement au pied ou au coeur d'un mall, c'est à dire d'un centre commercial taille XL. Les ballades tentées à pied, sans clim',  vous font vous frotter à la météo equatoriale : grosse chaleur, humidité maximale. L'écart avec Sa Pa au Vietnam se mesure en litres de sueur et en superficie de crasse sur votre col de chemise. Le martyre a la politesse d'être de courte durée toutefois ; c'est que les monuments historiques, ou d'une façon générale, ce qui vaut le coup d'oeil dans la ville ne sont pas en surnombre. Les souvenirs des colons Anglais s'expédient en une matinée (c'est du mauresque comme ils l'ont déployé jusqu'à plus soif à Delhi ou Kolkata) et on se retrouve le reste du temps happé par les grands magasins réfrigérés où la vie est plus chère. Ces commerces-là, ce sont finalement des postes d'observation pas ininteressants pour qui veut ausculter un peu la société malaisienne. Le sociologue aurait en fait tort de chercher ailleurs  puisque c'est en train de faire son shopping qu'on retrouve invariablement notre sujet. Coup d'oeil sur cette société (argument publicitaire no. 3 : le multi-culturalisme).

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Les ingrédients qui ont fait gonfler ce gros gateau sucré, sans trop de saveur sont malais (les indigènes, 50%),  chinois (25%) , indiens (10%). A lire la recette, c'est sûr, c'est alléchant. Et dans un premier temps on y trouve tout à fait notre compte : retrouver nos dals (les soupes de lentilles qui ont alimentées Anke du Cachemire jusqu'au Sikkim), jeter un oeil à la pagode, entendre le muezzin appeler à la piété depuis la mosquée du quartier donne la sensation d'un condensé de plusieurs mondes juste au coin de la rue. Question transport, ça réduit la facture. Pourtant à y regarder de plus près, on constate rapidement que tout ce monde bigarré, reste sagement dans son pré carré, que la mayonnaise ne prends pas. Les chinoises restent entre elles, mini mini shorts, dévalisant des boutiques toutes roses en pleines d'importations japonaises (peluches, accessoires à portables clinquants). Les malaises plus prudes, gardent le sourire sous leurs voiles... L'état s'y prend de toute façon comme un pied pour  assurer le mélange, à coup de "discrimination positive" bien marquée au profit des Malais qui ont, par exemple, besoin de scores beaucoup moins elevés que leurs compatriotes d'origine chinoise pour accéder à l'université.

Pour continuer notre charge et prouver notre bonne foi, on s'est démené pour coller au programme des brochures touristiques. En fait on a fait la tournée des must-see dans les limites d'une météo accéptable (les côtes Est et Ouest reçoivent alternativement et équitablement leur saucée au fil de l'année : il ne faut pas se tromper de coin), ce qui nous a conduit a nous promener le long du détroit de Malacca, corridor entre la Chine et l'Inde (pour la Malaisie, y'a comme un symbole). On extrait de Georgetown assez rapidement ce que la ville a à nous offrir, finalement on s'y ennuie vite. On se jette sur les iles Langkawi voisines pour passer Noël. Un endroit "sauce Thai" en plus cheap question plage et en plus cher pour le reste. La suite ressemble à une fuite en avant. Etapes d'un jour, faute d'enthousiasme : Cameron's Highlands, le concept de station d'altitude pour colon enfièvrés ne fait cette fois-là pas recette. Les plantation de thé s'en sortent pas mal, mais pour le reste, l'architecture est affreuse, sans âme. C'est un Darjeeling foiré, vous commencez a voir le dessin... On décide de s'arracher plus tôt que prévu et de tirer notre révérence au pays à Malacca, le port depuis lequel on embarquera pour mettre le cap sur Sumatra. Et c'est naturellement la veille du départ que les choses prennent une tournure plus avantageuses, que le pays vous rattrappe par le bras et livre à votre appétit une ville fascinante.

Dans cet ancien port protégé par les Chinois, capturé par les Portugais, reprise par les Hollandais, échangé aux Anglais puis revenu dans le giron Malaisien, on découvre enfin une touche personnelle, qui nous offre autre chose que le sentiment d'un déjà-vu edulcoré. Il y a d'abord cette stratification des différents occupants encore bien visible et qui offre un mélange (bien réel celui-là) détonnant : depuis les maison-boutiques chinoises rappelant un peu celles de Hué au Vietnam, au moulin à eau et la tour de l'horloge... la ville porte son histoire a fleur de peau davantage encore qu'à Georgetown, l'autre grande cité prétendant à contrôler le détroit. Les malls ont ici été prudement relégués hors des limites de la vieille ville. Mieux ! En poussant un peu on tombe sur les reliquaires du passé : la communauté kristang, celle des métisses abandonnés là au départ des Portugais avec leur langue, leur catholicisme et un sentiment d'appartenance farouchement défendu. Le communautarisme a la vie dure, ici.

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"La publicité, c'est le mensonge légalisé."<br /> <br /> G.H Wells
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