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Bourlinguer

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4 mai 2010

Vallée du Tono, province d'Iwate

Les charmes d'une homme tortue, voleur de chevaux, le sommet du crâne comme une assiette creuse au fonds de laquelle il veille a toujours laisser croupir un peu de l'eau de sa rivière m'ont conduit dans ce village perdu au fonds d'une vallée où ne pousse que le riz et les lignes haute tension. Yanagita Kunio, un folkloriste du début du siècle dernier est celui qui a tiré cette région de son assoupissement anonyme en venant compiler dans ces paysages les Tono Monogatari : les légendes de Tono. Pour autant, ils ont beau en faire une promotion de tous les diables de leur kappa - c'est ainsi que le personnage emblématique des ces contes se nomme, ils ont beau jusqu'à reproduite sa sympathique thrombine jusque sur les plaques d'égout, ils trouvent tout de même que c'est un indice un peu mince pour entrainer un gaijin (étranger) jusqu'ici. Ca a l'air de leur paraître si incongru, en fait que rapplique le cameraman de la télévision locale, là pour me faire accoucher de mes intentions ou au contraire de fixer sur pellicule le professionnalisme de l'employée du bureau d'information. Ses indications avaient l'air précises une carte, une croix pour marquer l'hôtel et l'assurance de trouver là-bas une place pour se loger. Et puis c'est finalement en tournant autour d'un même bloc de maisons duquel on aura pris soin de mettre de coté les autres commerces qu'on arrive finalement à trouver l'endroit. La faute a l'anglais qui a disparu et avec lui l'alphabet romain. La faute aussi à l'employée, qui sous la pression mediatique, aura mi sa croix un peu trop bas sur sa carte.

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La pièce mesure quatre mètres par quatre et s'isole de l'extérieur et du couloir en faisant coulisser des panneaux en papier (shoji). La salle d'eau est collective et porte très justement son nom ; c'est a dire qu'on se lave côte à côte, accroupis sur des bassines en plastique retournées. On y trouve au fonds un sauna et au centre une piscine maintenue toute la journée très chaude grâce a une plaque isotherme posée dessus. On part faire ses ablutions revêtus de deux peignoirs qui vous donne des airs de samurais qui aurait grandis trop vite. Il est d'ailleurs recommandé d'être aperçu trainant dans ces lieux au moins deux fois par jour. Les indices sont partout ; gel désinfectant accompagnant l'utilisation de toutes choses publiques (ordinateurs, poignées de portes), serviettes brulantes remises dès qu'on installe au restaurant... les japonais sont fanatiques de l'hygiène. leur méticulosité vous renvoie de vous l'image d'un corps en sueur; d'une masse odorante et mal à l'aise. On a quand même l'avantage de n'être que dans le prolongement d'une longue lignée de préjugés. Piqué à Bouvier, par exemple, cette anecdote ; celle d'un témoignage d'un Allemand du XVIIIème en oste à Nagasaki et évoquant les Aïnous (les "natifs ; peuple premier du Japon, aujourd'hui dissous dans le metissage) : 

"Ils [les japonais] les tiennent aussi pour fort mal embouchés, sales et malodorants, mais on ne peut leur donner créance là-desus, les Japonansi étant si port épris de propreté et pointilleux dans leurs ablutions, qu'ils nous font à nous, exactement le même reproche".

Pour faire sérieux, on commence notre tour au musée des traditions populaires du coin. Un endroit comme un vaisseau spatial planté là, c'est à dire dans les flancs des collines qui bordent le village de Tono au Sud. Une scénographie impeccable, des projections, en veux tu, en voilà, des objets, parfois sous titrés et toujours remis dans leur contexte d'utilisation. L'occasion de valider que même pour concevoir une scie à bois nos hôtes ne s'y à l'inverse de nous. Passé l'anecdote, on retient que la région agricole est parmi les plus pauvres de l'archipel ; un coin de petite montagne avec comme seules ressources son folklore et ses chevaux. Comme un parfum de Kirghizstan là-dessous !

La vallée, très honnêtement n'est pas ce qu'il y a de plus renversant. On incriminera peut être la saison qui a fauché nos rizières pour les remplacer par des terrasses brunes, boueuses même où on s'affaire au repiquage. Et puis, tant qu'à être mauvais, on s'en prend aussi au soleil punaisé au zenith qui vous laisse des marques qui se marient très mal au bain chauds qu'on évoquait plus haut.

 

Pour autant, traverser ces villages, provoquer le redressement , les sourires et l'inclinaison  quatre vingt degrés d'une rangée de paysannes oeuvrant dans leur pataugeoire qu'elles s'escriment à rendre magnifiques dans quelques mois d'ici, découvrir au hasard d'un sentier , c'est à dire en se perdant, l'arrogance vermillonne d'un tori qui dénonce la présence d'un petit autel plus loin. partager enfin le pique nique cinq étoiles d'ouvriers venus d'assez loin, là, dans un bar, servir de garant à un homme presque soûl et devenu très émotif,  auprès de son épouse qui , c'est une chance, est polyglotte et pas rancunière. Tout cela laisse tout de même des petit souvenir bien agréables.

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2 mai 2010

Sendai, Province du Miyagi

Les caractères de leur alphabet, qu'ils appellent kanjis, on commence par n'y pas faire attention ; d'abord parce que les sous titres sont en anglais et aussi parce qu'ils ont mis au point une palette d'illustrations évocatrices (des illustrations de cours d'école, pourrait-on dire si on ne mettait en perspective l'ancrage de ces "images dérisoires" - manga - dans la culture japonaise) pour vous indiquer où aller, que faire et surtout que ne pas faire . On sent pourtant bien que ces caractères qu'on avait beaucoup craint font bien des efforts pour se rendre présentables : en abandonnant leur verticalité, histoire d'être lus de gauche a droite comme le reste, et puis en formant des couples mixtes ; phrases d'accroche en américain, dans les publicités, les prospectus d'information et le détails en kanjis. Nous on veut bien être accommodant, sortir le guide de voyage et essayer de s'y retrouver, mais c'est qu'on a peine de temps de déballer la Pierre de Rosette qu'un homme (car se sont souvent le plus souvent les hommes qui vous abordent) avec pour seules armes un vocabulaire réduit et beaucoup de bonne volonté se porte a votre secours et distille de ces formes - presque images - leur sens caché.

Sendaï, c'est la plus grosse cite aux portes du Tohoku, la plus septentrionale des province de l'ile d'Honshu. Disons d'abord qu'il y a la silhouette martiale et européanisée d'un fameux daimyo du XVIIeme siecle ; Date Masamune et puis aussi, pas loin la baie de Matsushima et que l'une et l'autre se renvoient les touristes, nombreux pendant cette "semaine dorée" qu'on devine début Mai. C'est bien sympathique de les avoir autour de soi, en famille, joviaux. A cause d'eux tout de même on trouve surtout des hôtels complets : une situation qui se fait se lever un petit vent de panique a l'information center (qu'on trouve dans toutes les villes, c'est bien pratique) et a l'Hotel Reservation Office. C'est que débouler comme cela sans avoir pris les devants, cela ne se fait pas ici. Au final, on trouve invariablement de la place dans les pensions pour businessmen où on prend au passage quelques leçon de courtoisie ; scène de la remise des clé de la chambre qui vous donne l'impression que l'employé vient de vous confier la destinée de sa famille tant le geste est profond et la mine grave et un aperçu de ce qu'on va manger pendant le séjour souvent très bon, souvent inidentifiable. 

Statue de Date Masamune à Sendai

On découvre la ville de Sendaï en suivant la longue artère couverte qui porte le nom d'Ichibancho. L'impression d'avoir découpé les building sur son passage en deux sur près d'un kilomètre. Les boutiques - rien que des franchises - ont colonisées les deux cotés de cette plaie béante et envoient leurs vendeurs recruter les clients à la ronde. Ils essaient en fait surtout de couvrir le vacarmes des salles à pachinko voisines (sorte de flippers debout qui exercent ici une fascination au point de soutirer à leur victime plusieurs milliards de Yens par an) et de capter l'attention des chalands. Ils partent comme cela au front avec un mégaphone, des grands bacs de produits soldés et des magasins qui ferment très tard. Les autres rencontres que l'ont peut faire c'est celle d'un prêtre shintô, une coiffe en osier sur le chef qui lui dissimule entièrement le visage. Il réciter des sueras - le terme est ici mal choisi - sur un rythme rapide et monocorde. Face à lui, une gamine qui  ne doit pas avoir plus de six ans  et qui joint ses mains cérémonieusement. La voilà sa récompense. Un peu plus loin, c'est à dire là où une route coupe notre shopping malle , comme pour vous permettre de respirer, des lycéennes en embuscades,  jupes courtes et chaussettes blanches qui s'époumonent pour récolter quelques pièces pour leur école, croit-on savoir.

Les ruelles qu'il y a autour font décors de films, parce qu'il y  règne une ambiance effervescente juste éclairé par des lanternes et le peu qui filtre des fenêtres de minuscules restaurants où on ne peut entrer qu'en se courbant. Il y a des familles, des poussettes, des jeunes éméchés qui sautent d'une bar à hôtesses à l'autre. On les repère ces rades-là par leur s pancartes où les portraits maquillés d'adolescentes répondent malicieusement aux morceaux de poissons qui font eux la réclame des restaurants dont on parlait à l'instant. C'est quand même un quartier rouge très sage - il y a pour comparer celui de Bangkok qui nous revient en mémoire. le sens des convenances et de la retenue, on comment à sentit que les japonais sont nés avec.

Le lendemain. Il y a une chose qu'on ignorera pas en se rendant à Matsushima, c'est que cette baie est très officiellement classée dans le top 3des paysages de l'archipel(façon détournée de dire qu'elle n'est que troisième, finalement). Avec une promesse comme celle-là, on ne récolte à l'arrivée que de la déception. Ou plutôt un hochement d'épaules, une fois que le bateau vous a posé à quai. L'après midi se passent enfilant les petites iles avec leurs temples comme des perles. a la fin de la journée on se dit que ce n'était pas désagréable. Et puis de toute façon c'était sur mon chemin.

13 février 2009

En pratique : l'Indonesie

Quelques infos pour donner des pistes a ceux qui seraient tentés par un voyage au pays des volcans et des rockers. 

Les visas

Nous sommes entrés dans le pays en arrivant par la mer a Dumain sur l'ile de Sumatra (partance depuis Melaka en Malaisie). Le prix est de 25 USD. Les visa a l'arrivee donne le droit a 30 jours, pas un de plus, ceci dit, plusieurs solutions s'offrent a vous pour etendre ce delais (c'est un pays tres vaste ou les transport prennent beaucoup de temps) :

  1. partir et revenir : grace a un A/R vers Singapour, Kuala Lumpur ou le Timor oriental par exemple
  2. vous acquitter de 20 USD d'amende par jour excedent la limite du visa
  3. il serait apparement possible contre 100 USD d'etendre son visa d'un mois. A confirmer.

Je vous encourage a bien vous rencarder sur la situation ; celle change rapidement et les postes frontieres offrent plus ou moins de souplesse (via des solutions... arrangeantes pour rester poli). A noter qu'en faisant la demande directement aupres du consulat dans votre pays vous pouvez obtenir jusqu'a trois mois de visa touristique.


Le parcours

Notre séjour a eu lieu en Janvier / Fevrier 2009 et a duré 6 semaines ce qui ne permet pas de visiter tout l'archipel evidement.

Le parcours a été le suivant ;

Jour 1
Voyage de nuit vers Bukittinggi (Sumatra)
♥♥
Jour 2 - 3
Lac Maninjau (Sumatra)
♥♥♥♥
Jour 4 - 8 Bukittinggi et ses environs (Sumatra)
♥♥♥♥ 
Jour 9 - 10 Jakarta (Java)
 ♥♥
Jour 11 - 17
Yogyakarta et ses environs (Java) ♥♥♥♥ 
Jour 18 Ambarawa (Java)
♥♥♥♥♥ 
Jour 19 - 20 Surabaya (Java) ♥♥♥♥♥
Jour 21- 23 Malang & Bromo (Java)
♥♥♥♥
Jour 24 Surabaya (Java) ♥♥♥♥♥ 
Jour 25 Tentre (Java)
♥♥♥♥♥ 
Jour 26 - 27
Bondowoso & Kawah Ijen (Java)
♥♥♥ 
Jour 28 Denpasar (Bali)
♥♥
Jour 29 - 32
Kuta (Bali)
♥♥♥♥♥ 
Jour 33 - 35
Ubud (Bali)
♥♥♥♥♥  
Jour 36 - 38
Amed (Bali)
♥♥♥♥ 
Jour 39
Kuta (Bali) ♥♥♥♥♥  


Le budget

Budget total incluant visas ; 800 EUR par personne.

Soit en moyenne / jour (sans tenir compte des billets d'avion et du visa mais incluants beaucoup de souvenirs) : 20 euros ( euros pour mon amie).

Bon voyage !

12 février 2009

Kuta & Ubud & Amed, Ile de Bali, République d'Indonésie

De l'aveu de tous, Bali vaut davantage que ce qui a fait sa réputation, ses plages interminables et les hasards cumulés de ses reliefs sous marins et des courants qui à la surface forment des vagues terribles où viennent se casser la figure les surfeurs. Des Australiens, ça a la peau dure, les muscles répandus comme comme une contagion et du blond dans les cheveux. Bali, ce n'est pas aussi déplorable non plus que ce qui a propulsé sa notoriété dans le mauvais sens en  2002 avec les attentats islamistes qui l'ont frappés méchament sous la ceinture ; c'est à dire dans la rue où s'alignent les clubs où on boit et où on danse. C'est finalement un endroit où on s'est dit qu'on passerait dix jours. Les dix derniers en ce qui me concerne.

C'est la pluie qui se fait votre guide et qui ne vous lâche que pas souvent, ou alors quand vous prenez votre temps avant de vous lever... quand ça vous arrange le moins, en fait. Ca donne aux villes sur la côte un drole d'air, comme une version un peu décalée d'elles-mêmes : des étrangers torses-nus, bermudas et tatouages trempés par les intempéries qui se  balladent dans les rues, leurs planches de surf sous le bras. Ailleurs à Amed, c'est dans l'Est de l'île; les plages sont noires à cause de la couleur du sable. On en ramène des kilos sous nos chaussures à cause des averses, c'est comme si la marée noire ne connaissant plus ses frontières et venait mourrir sur le perron de la chambre d'hotel. On nous a enlevé notre ile paradisiaque avec cette flotte. C'est en plus à cette période de l'année que la mer est la plus déchainée. Les marins nous disent qu'ils ne s'y risquent pas, les fonds marins dont on parlait plus haut sont troubles. C'est la pointe du Ratz, sans les falaises, quoi. La pluie par contre, elle s'accorde mieux avec la campagne  : le vert ressort encore plus vert, les rizières sont à flot. Ce sont en fait surtout ces coins vallonés que ceux qui ont la bougeotte et un peu de suite dans les idées viennent voir. On a fait comme eux.

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Comme autre chose à Bali, on doit raconter qu'on trébuche sur le religieux à chaque coin de rue, si on peut dire. Ca prend la forme de petite offrandes - du riz coloré, des fleurs, des sucreries - joliment arrangés dans des paniers en feuille de bananiers pas plus grands qu'une soucoupe. Vous prenez cela pour de l'animisme, il y en a sans doute un peu, mais par ailleurs, les statues gigantesques reprenant des scènes cultes du ramayana et du mahabharata sont là pour vous rappeler que la population est hindoue. La seule petite île hindoue au milieu de l'archipel quand même très musulman. Un autre indice c'est qu'on retrouve le même paquet de chiens faméliques qu'on avait cru laisser en Inde. Les hadiths de l'Islam, en disent rien que du mal de ces bêtes-là. Pour reparler un peu de ces statues, on ne voudrait pas se montrer trop vexant, mais ces oeuvres là nous font quand même bien sourire. Ca fait pas très solennel pour de l'esthetique de culte. Pour vous donner une idée; vous n'avez qu'à prendre la Corse et vous imaginer que dans ses villages ont ai figé dans de la pierre haute de six mètres des Hercules contre son hydre de Lerne, Thésé contre son minotaure ou encore un Hadès ramenant dans son char deux places Persphone aux enfers. Ca en jete, c'est sûr mais qui, franchement, irait se jeter à genoux devant ? Ils savent aussi faire dans un genre moins ostensible heureusement sous la forme de génies de 50 cm qui protègent les ponts, les forêts, les cours intérieures (qui ressemblent en fait a des sanctuaires en miniature). C'est l'endroit aussi où ils deballent leur talent pour ce qui est de la sculpture, un domaine, c'est sûr qu'ils ne craignent personne.

Pour le reste, il faut bien reconnaitre que l'enthousiasme s'est quand même émoussé. On tente de rares sorties à scooter sur les routes moins fréquentées et puis on termine à cause du mauvais temps et de notre mauvaise volonté dans des caves à souvenirs. On regarde la montre plus souvent qu'avant, on lambine, on lit beaucoup - la librairie du village d'Amed est très francophile et pas chère. On y trouve ça

Voyager c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination. Tout le reste n'est que décéptions et fatigues. Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force. (...) Et puis d'abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux. C'est de l'autre coté de la vie.

C'est du Céline, période voyageur, bien sûr. On aurait pu verser dans de la citation plus emphatique pour clôre ce chapitre et à vrai dire, clore notre tournée. Et puis non, ça ira bien comme cela.

2 février 2009

Singapour, Republique de Singapour

Photos ajoutees !

Singapour ne craint pas le paradoxe en s'affichant, étymologiquement en tout cas, comme la ville du lion. C'est que des lions il y en a jamais eu dans la région : en fait, les seuls predateurs qu'on croiserait ici sont dans le zoo, ou à la rigueur aux affaires en haut de buildings vertigineux. On est venu ici un peu pour saluer des collègues locataires d'un bureau anonyme et réduit dans l'une des tours qui nous bouchent les horizons, pour solder un peu aussi les compte avec la Malaisie - l'ile de singapour située en bout de la peninsule a appartenue un temps a la fédération, mais surtout en fait pour redonner un coup de neuf a nos visa indonesiens (sortir et revenir pour obtenir 30 jours de rab'). Mis bout à bout, cela fait dans les quarantes huit heures à passer dans la petite mégapole des centres commerciaux, du fret maritime tournant 24 x 24 grace aux petites mains indiennes et malaises et aux cerveaux des chinois et des expatriés pour ce qui est des activites sérieuses, c'est à dire lucratives. Car c'est une évidence qui vous tombe dessus tres vite ; il y a une ségrégation ethnique tres nette. La majorité chinoise tenant hereditairement le pouvoir politique et gérant l'essentiel des businesses, pas etonnant qu'ils n'aient pas tenus plus d'un an dans la Malaisie musulmane.

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Pour revenir un peu à nous, dans cette petite mégapole surdéveloppée, on se trouve finalement plus démuni que disons lors de notre arrivée a New Delhi. Se trouver un hotel a moins de 30 euros la nuit prend des heures, se nourrir ça va, contrairement au transport finalement plutot cher. On marche ainsi autant que possible, et on réduit la voilure au niveau des activités en se concentrant sur l'ile-loisir de Santosa, une erreur tactique avec le recul. Se ballader, ça reste encore gratuit. Alors, de ce qu'on en voit, Singapour c'est une ville en équilibre ; c'est à dire qui fait ses ajustements avec un sens étudié de l'harmonie (les adeptes du Feng Shui veillent au grain, sans doute) afin de réspecter la part de grattes-ciels, de parcs, des résidences aérées (ce qui est un leurre puisque 80% de la population se loge en vertical dans des logement sociaux), de quartiers pittoresques enfin (ceux des minorités ainsi que le chinatown). Il faut bien admettre qu'ils s'en sortent pas mal. La seule sacrifiée c'est  l'Histoire, dont les traces sont nettoyées, rendues méconnaissables pour qui n'est pas du coin. En même temps, c'est une ville plutot jeune ; les dégats sont acceptables. Et puis ne pas trop s'encombrer du passé leur laisse finalement la liberte de se défouler dans les rues ; des buildings aux architectures étonnantes, de peupler les squares et les campus universitaires d'oeuvres contemporaines, ou en tout cas qui l'ont surement été à leur époque.

On se promenait dans la ville comme des taupes ; usage dans un premier temps à outrance des métros avant de se rendre compte que les distances entre deux stations ne sont pas si terribles et que, somme toute, Singapour est une ville tres haute, d'accord, mais finalement pas très étendue. C'est en tout cas sous ses pavés  et plus précisément en attendant notre rame qu'on prend connaissance avec l'essence de cette bonne cité ; la sureté et sa panoplie complémentaire : sécurité, surveillance, delation. Les mises en garde presques intrusives commencent à l'hotel ou il est precisé en très gras que la direction vous livrera à la police si vous êtes pris a télécharger des fichiers musicaux depuis les ordinateurs mis à votre disposition. D'autres avertissement du même acabit tapissent les boutiques et s'adressent a ceux qui seraient tentés de partir sans payer (c'est deja plus classique mais tourné en des termes pas vraiment commerciaux !). Nous on s'en tire avec un avertissement ; notre crime, sans ces temps de crises qui raniment chez chacun un élan de solidarité et de compassion, nous aurait coute 500 dollars. C'est en effet le tarif pour ceux attrappé à boire de l'eau dans leur métro. On ne vend pas à Singapour de chewing Gum pour des raisons d'hygiene public évidentes (les macher en revanche, c'est toléré) pas plus qu'on ne fait grêve, c'est illegal. On est definitivement pas ici dans la ville de la transgression ; on doit s'y ennuyer, c'est certain.

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28 janvier 2009

Gunung Bromo & Kawah Ijen, Ile de Java, République d'Indonésie

Photos ajoutées !

Avec le duo qui nous a joué sans fausses notes, ou presque, l'histoire religieuse à travers les temples situés autour de Yogyakarta, on va finir par croire avec cette experience plus récente, qu'ici les chefs d'oeuvre vont de paire. C'est en effet un nouveau couple de vedettes qui vient de se mettre en travers de notre route ; ou plutôt - il faut pas craindre dans le cas présent de jouer la surenchère -  deux superstars crachant la vapeur; le souffre et toute la fureur sous-terraine. Ca c'est de l'accroche et c'est encore rien par rapport a ce qu'on a vu. Promis.

C'est a l'Est de l'ile de Java qu'on va trouver ces deux volcans. L'approche se fait de nuit, à la lueur des étoiles, des phares du 4x4 et des lumières de la ville qui a commencé à grignoter aussi les pentes pourtant abruptes. On s'inquietait un peu pour les habitants ; avec la somme de dénivellés pareils et de pluies torrentielles fréquentes, le resultat, qu'on a pu apprécier dans le Sikkim indien, s'appelle "glissement de terrain". On s'en inquiétait et on avait bien tort car au final c'est un autre genre de catastrophe qui préoccupe les résidents, habitués comme leurs compatriotes à recevoir sur le coin de la figure une gamme étonnement variée de vacheries naturelles (éruptions volcaniques, tsunamis, tremblements de terre et durians). C'est une erreur toute bête de forage qui a fait s'échapper des profondeurs des torrents interminables de boue, menaçant la sécurité et la propreté de milliers de personnes (dont tous ont été expropriés et 20% indemnisés... cerise sur le gateau de Noël, la société responsable de ces prospections hasardeuses est au bord de la faillite). On longe ainsi sur des centaines de mètres un mur de béton espérant protéger la ligne de chemin de fer; notre autoroute et les quelques bicoques encore habitées.

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En respectant la chronologie, c'est au Gunung Bromo que s'est mise en marche la machine à souvenirs. On se rappelle du rituel réglé comme du papier à musique : l'arrivée au poste d'observation sur les coups de 4 heures du mat', cris d'exclamation aux aurores (avec un spectacle en cinemascope; le volcan relachant ses fumigènes au milieu d'un paysage étourdissant), ruée vers la dépression pour observer Monseigneur depuis l'en-bas, course au dos de canassons pour traverser la mer de sable noir et rejoindre les jeeps, insensibles au panorama et à notre émerveillement de nouveau-né.

On croyait que ce volcan-là renvoyait le Puy de Dôme, Vulcania et Giscard aux oubliettes, et puis on a fini par trouver encore mieux; et alors de loin. C'est sans mentir l'un des sites les plus extraordinaires de ces derniers mois : l'Ijen; une caldera d'une dizaine de kilomètres de diamètres nichée sur les hauts plateaux de Java  et laboratoire de quelques unes des experiences les plus étourdissantes que la planète fomente. On part à sa rencontre de nuit, là aussi, comme pour un rendez-vous clandestin, sauf que le temps de vous y rendre et le soleil vous a déjà rattrapé, pour vous cuire durement l'échine. L'ascension en dépit de ça, est à notre portée, c'est à dire à celle d'à peu près tout le monde : cela débute sur une piste en terre boisée tout autour, vue dégagée sur les autres reliefs et les belles plantations (et que fait-on pousser sur Java à ces hauteurs à votre avis ?). Et puis déboule un pauvre hère, là, sur notre sentier, les deux épaules franchement abbatues par deux paniers d'osier aux extrémités d'une latte en bambou, chariant en équilibre environ 70 kilos de plaques jaunes encore fumantes : le souffre.

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C'est d'abord cela le kawah Ijen : une source de revenu qu'on arrache qu'au terme d'une lutte inhumaine à la nature. On voit dans les brumes des vapeurs toxiques se détacher d'autres silhouettes, portant les mêmes fardeaux, hésiter sur des sentiers ou un touriste suréquipé dérape et disparait parfois. Notre porteur lui, est en tongues et en sueur et laissent echapper des respirations rauques ; des râles de mourant. Votre responsabilité est d'alimenter ces malheureux en bonbons, en clopes - la fumée calme paradoxalement les brûlures des poumons - et surtout de décamper afin de ne pas trainer dans les pattes de ces Sysyphes pendant leur ascension. Au fonds du cratère, quand les vents repoussent un temps les vapeurs soufrées, le spectacle est éblouissant : eaux turquoises du lac, jaune incandescent de l'or local solidifié et de ses poussières,  rouge magma pour son état liquide ramené a sa surface, refroidit, rendu moins aggressif. C'est un des scènes les plus touchantes qu'on ait vu, une photo de Salgado (1) en couleur. Je serais vous, j'irais.

Avec une rampe de lancement comme celle-là, on s'envole sans trop de difficulté pour l'ile voisine de Bali. Un bras de fer remporté contre le Gang des Taxis du coin (oubliez à ce propos la mafia russe et la triade chinoise, les vrais méchants, ce sont eux) nous amène à la pointe Sud. Ghetto à touriste pas si terrible et surtout aéroport à partir duquel on s'en va deux jours a Singapour histoire de renouveler les visa indonésiens. Abérant et exhorbitant ; il faudrait songer a la prochaine révolution à accorder la liberté de circulation aux immigrés... et aux touristes !


(1) - Si vous voulez découvrir l'oeuvre du plus génial des photographes brésiliens, vous pouvez jeter un oeil à  "La Main de l'Homme", aux éditions de La Martinière (400p épuisé, mais encore trouvable dans les expos du maître).

16 janvier 2009

Prambanan & Borobudur, Ile de Java, Republique d'Indonesie

Photos ajoutees !

Il y a deux sites fameux qui se nichent dans les environs de Yogyakarta et qui, sans rien demander a personne,  temoignent quand meme de l'histoire religieuse et un peu versatile de Java. Y acceder comme tout le monde serait evidement trop simple : les marchands de la principale rue touristique se mettent a genoux pour vous proposer de vous y emmenent pour moins cher encore que le billet d'entree. Sauf que nous, nous tenons un tuyau sur, un truc epatant pour contourner - literalement - les portes d'entree et leurs tarifs exhorbitants (dix fois le prix dont doit s'acquitter un local... ca commence a faire). C'est a laisser trainer les oreilles dans les rades ou les occidentaux s'entassent qu'on a entendu parler d'une entree bis, une petite porte sur le cote ou on vous fait rentrer pour moins cher. Determiner la part de legalite dans cette affaire et dans un pays a la corruption endemique ; on laisse cela aux autres. Le periple commence a scooter et a travers la campagne., autre avantage sur les tour organises. Sur place, on a eu beau tourner autour, il faut se rendre a l'evidence c'est la debacle. Gros coup de soleil sur les avant-bras, nature vite avalee par des villes qui se font presque du touche-touche  et paiement plein pot pour solder les compte a ce prix la, le the est offert.

On se partage l'intimite de Borobudur - une stupa boudhiste gigantesque - avec tout ce que le pays compte d'ecoles primaires et superieures. Samedi, c'est le jour des sortie scolaire, on tachera de s'en souvenir. En attendant, on force notre passage au sommet (la structure epouse la forme de la colline autour de laquelle elle a ete construite) en concedant quelques autographes aux momes tres entreprenants, parce que tres en groupe, en prenant surtout la pose avec des jeunes filles foulards autour de la tete, enlacees autour de votre taille. On recommence le rituel une quinzaine de fois ; vous etes Brad Pitt filant sur la Croisette. La montee des marches vers le sommet s'effectue en six rotations autour des differents etages de la pyramide et offre a mediter sur les cercles infernaux, sur les mauvaises pensees qui y menent, les bonnes qui vous donnent le billet de sortie et au fur et a mesure qu'on s'eloigne du sol l'acces a la sagesse, au nirvanna et a toute la quicaillerie bouddhiste. On retrouve tout ca grace a des millier de stelles a la precision bluffante qui jalonnent sans interuption le parcours.Pour ce travail de colosse, le site de Borobudur a gagne le titre de lieu le plus touristique de l'archipel.

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On en revient enthousiastes, pas blases du tout bien qu'on se soit coltine la veille son site jumeau de Pranbanam (qui n'est en fait pas plus jumeau que vous et moi puisque dans le second cas, on a affaire a un lieu de culte hindou, largement anterieur). Le merite de Pranbanam c'est d'etre encore la, de temoigner que l'hindouisme a vecu un temps en dehors des frontieres indo-nepalaises. On en avait eu un petit rappel en visitant le site cham de My Son au Vietnam mais sans cela, les faits d'armes des Vishnu, de son avatar Krishna, de son frere d'arme le Dieu-singe Hanuman commencaient a palir un peu dans notre esprit. C'est la encore un endroit enthousiasmant mais ampute d'une partie de ses temples ; la faure a un tremblement de terre qui a remis certaines choses a plat en 2006 (comme une partie de la maison de notre hote Servas).

Notre trajectoire qui devait nous conduire plus a l'Est (les iles Indonesiennes peuvent s'enfiler comme un collier de perles : Sumatra, Java, Bali, Lombok...) subit comme un severe ajustement dans sa course. D'autres adherants indonesiens de notre association de voyageurs ont eu vent de notre passage dans la region ; coups de fils suppliants, lobbying passionne de nos hotes actuels. On finit par ceder de bonne grace et par faire un petit detour du cote de chez eux. Se sentir aussi desire ; c'est encore le syndrome Brad Pitt qui vous frappe !.

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16 janvier 2009

Yogyakarta, Ile de Java, République d'Indonésie

On mesure la difference entre Sumatra et Java en se payant un aller simple en train depuis la capitale jusqu'a Yogyakarta, le seul aimant assez puissant pour arracher quelques touristes a Bali. La succession de rizieres n'est qu'un illusion qui se dissipe bien vite et qui fait se rejoindre la banlieue de la mega-cite indonesienne avec une succession d'autres villes agglutinees le long des rails. Ca y est ; votre nouvelle Deesse insulaire vous expose son vrai visage, une femme tres urbaine, tres polluee, musulmane discrete et qui ne vous emmene en campagne que tres rarement (ce qui est bien triste, parce que pour ce qu'il est reste, c'est bien sur, splendide).

A Java, donc, on cohabite avec une foule ahurissante, on pietine assez souvent les pieds du voisin et on devine la raison de ces maltraitances dans le chaos de l'urbanisme (le trottoire degage, concept occidental) qui a fait se fusionner des vieilles villes pietonnes aux allees etroites avec des zones commerciales qu'on trouve plutot chez nous en banlieue, mais qui conquiert ici les centres villes. Bref, les scooters ont priorite sur vos deambulations et la bagnole vous accepte sur ses plates bandes qu'avec beaucoup de mauvaise grace. Ajoutons a cela donc une densite ahurissante ; voila une image piquee au guide : prenez la population de l'Angleterre, multipliez la par quatre, a perimetre constant. Et vous voila avec le Lincolshire devenu a present aussi paisible que les rues d'Hanoi un jour de solde. C'est cette surpopulation qui a pousse pas mal de Javanais a tenter leur chance a Sumatra ou Kalimantan (c'est a dire Borneo moins la partie malaisienne et Brunei).

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Revenons plutot a Yogyakarta, terrain de jeu d'Hamengku Buwono X, sultan par heritage et futur president si Dieu le veut. Ca nous a paru d'abord incroyable que dans une republique comme l'Indo, on retrouve ce type de charge, coquetterie de l'Histoire et menagement des traditions par la jeune republique a sa naissance. Comme ces figures symboliques qui ne mettent pas trop les mains dans le cambouis (c'est a dire deleguent autant que possible la politique), notre Sultan est tres populaire. Question etiquette, il convient d'employer le haut-javanais - une des trois formes du langage - pour Lui adresser la parole, de se presenter a Lui tete decouverte, ce qui pourrait bien arriver si vous vous ballade dans son palais, en fait quelques vastes cours murees, peuplees par quelques preaux ou des orchestres jouent non-stop du gamelon, une musique de percussion assez hypnotisante. Ailleurs de petits batiments ou le monarche expose sa porcelaine fine, ses portraits... ennui mortel au fonds de l'oeil, appareil photo au repos.

Faire un tour dans ce qu'il reste des coups d'eclats architecturaux de ses predecesseurs, voila en revanche une facon intelligente d'utiliser son temps a Yogyakarta. La vieille ville est rafraichissante parce qu'elle nous rappelle vraiment rien de connu ; un petit peu la vieille ville de Damas, mais c'est vraiment histoire de ressortir ses references. C'est la qu'on frappe a la porte des artisans de son altesse (loges la gratuitement, si on a bien compris, en echange de leur talent) : fabricants de marionnettes - celles des jeux d'ombre dont parle Henri Michaux (1), teinturiers du batik, qu'on se perd encore dans le marche aux oiseaux, autrement plus impressionnant qu'a Ispahan (les comparaisons, ca nous hante desormais) et qui donne la mesure de l'amour des javanais pour ces betes a plumes. Le decors cartonne, teintes d'albatre, visages en medaillon au dessus des porches, jardins caches, piscines venerees par les riverains. C'est beau comme un reportage de Thalassa, c'est bichonne soigneusement par les heritiers (ce sont des gens, ils me semble, qui savent transformer leur habitat sans grands moyens et avec une gout certain, les indonesiens), entretenu par l'UNESCO. Combien sont-ils d'ailleurs a bosser pour cette agence, nous on a perdu le compte du nombre de sites qu'ils sponsorisent et qu'on s'est farci...

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C'est enfin a Yogyakarta qu'on s'est decide a s'ouvrir aux autres par la voie royale, c'est a dire en ouvrant  notre carnet d'adresses SERVAS. Une ONG 2.0 avant l'heure, qui fait dans le reseau social, tendance internationnal, dans la mise en relation de personnes geographiquement / culturellement tres eloignees et sporadiquement tres proches. Bref qui aide a se faire croiser les bourlinguers du monde entier, de leur faire partager une soiree, un repas, un toit sans contre partie ni salaire avec comme combustible un desir d'echange, un partage de curiosites. On repart de la un avec une petite cle qui donne a voir un peu plus du pays et apres, on espere, avoir laisse derriere soi quelques indices sur notre vie, notre culture a des hotes, souvents instruits et aises dans leur pays mais qui, autre scandale de ce monde, n'aurant jamais les moyens de venir voyager par chez nous. Avoir attendu la fin du voyage pour tirer parti de ce joli reseau ; il y a des coups de bambous qui se perdent...

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(1) Un barbare en Asie, Henri Michaux, L'Imaginaire, Gallimard

8 janvier 2009

Bukittinggi, Ile de Sumatra, République d'Indonésie

Photos ajoutées !

Les vents refrigérés des giga centres commerciaux dans le notre dos nous portent de Melaca a l'ile de Sumatra, un gros morceau vert et enfumé de l'archipel indonésien. On sent toute la vérité du deuxième qualificatif des notre départ du port du Dumai, après avoir effectué un recensement rapide. Nous voila dans un pays d'adorateurs de gitanes qui pratiquent leur culte si possible dans les espaces clos ou mieux encore ; sous votre nez. Une autre version qui appuie notre remarque commence par des  voyageurs requisitionnés pour donner un coup de pousse au demarage du bus : 10 metres a peine, un nuage noir sort des entrailles du vehicule grabataire pour s'en aller repeindre les parois de vos poumons. On saute a bord : intérieur skaie, tendance eventré, une odeur de gazoil des que l'engin marque l'arret (mais moteur allumé, hein, sans quoi il faut lui redonner de l'encouragement pour repartir), une chaleur suffocante, humidité a son maximum, seule sorte d'encouragement a monter la dedans ; c'est ce soir et a bord de cette épave qu'on traverse l'équateur. Bref le tableau a les jolies teintes de l'aventure, le coeur se remet a vrombir apres sa léthargie en Malaisie.

Si on file dans ce voyage au bout de la nuit et au dela c'est pour rejoindre le coeur du pays ; la ville d'altitude de Bikittinggi, un coin qui, sur le papier, nous a presenté son meilleur profil et qui a l'interessante propriété d'etre plutot accessible (ce qui est rare par ici). A l'arrivée, notre perception du temps est chamboulée : sachant que la cité était a 200 km de nous, sachant encore que quinze heures se sont écoulées depuis notre départ, ou est passé le Temps perdu ? On se refait le parcours, on a plutot eu l'impression que le bus roulait a tombeau ouvert. C'est peut etre en regardant par la vitre, voir la succession de diapositives s'enchainer, qu'on trouve notre reponse. C'est en tout cas la qu'on découvre la fascination des Indonesiens pour les flammes. Celles qui desherbent pour de bon de vieilles forets humides et font pleurer ceux qui raisonnent "developpement durable". Celles qui se substituent aux collectes des déchets et qui consomment les matieres plastiques, les végetaux et tout ce qu'on peut trouver entre les deux. Celles enfin, maitrisées au fonds du creuset (les memes sur lesquels on s'est coller a la cuisine laotienne), ou rotissent de minuscules brochettes mangées grillées avec une sauce brune épaisse, ecoeurante. Et puis non, reflexion faite c'est lors de ces pauses incessantes que notre Temps s'est fait la belle. Voila la premiere règle a retenir quand on voyage par ici ; le temps du voyage ne depend pas des kilomètres mais des accointances du chauffeur avec les gérants de gargotes de bords de route. La seconde est triviale ; peut importe les horaires supposés ; un bus ne quitte la gare routière que rempli a ras bord.

On se cogne a la campagne environante plus tot que prevu ; c'est a dire apres s'etre entendu dire qu'a cause des vacances et du climat plutot agréable de Bukittinggi, aucun hotel ne se battrait ce coup-ci pour nous avoir sous leur toit. La seule turne qu'on s'est degotté fait dans le genre repoussant, a tel point qu'on a decidé de de rouler un peu plus ; vers le lac Maninjau, 20 km, 2 heures plus loin. On fait ces raisonnements a trois d'ailleurs, depuis qu'on a ramassé a la douane un baroudeur du Bangladesh, disposant de très peu de temps pour en voir un maximum, grand dispensateur de discours sur un Islam ouvert aux habitants qu'il croise (chauffés a blanc par les bagarres de rues a Gaza, mais liberaux comme on le verra plus loin, patient lecteur). Un type bien, en somme. Vous voila, a moitié hagard, repartis sur les routes, ca tourne non stop, esquiver les nids de poules, negocier les virages (succession de 44 sur 3 kilometres, qui dit mieux ?) pour finalement arriver au petit village de Maninjau et a notre lac, donc. Immense, bleu comme tes yeux. Mais les présentations attendront. Notre attention se porte sur la chambre a coucher du bungalow-pieds-presque-dans-l'eau. Autre voyage. Le pays des reves. Autre durée. Dix sept heures.

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Un tour autour du lac en 50 km - en pointillé a cause des averses qui sont l'occasion de quelques rencontres sous les auvents, les préaux. Bigre, il a un paquet de ferme piscicole dans les parages. On trouve les ouvriers-pecheurs a remplir des sacs plastiques de 20 litres en eau, gaz et sorte de poissons rouges format XL en partance pour la capitale insulaire. On les imagine toucher quotidiennement le jackpot vu leur production ; patatras, deux jours plus tard des substances chimiques déversées au fonds du lac, se chargeaient de tout faire capoter. Deux batiments prolifèrent sur les rives et dans les hameaux  qu'on croise pendant notre virée. Des sortes de batiments communautaires aux toitures extravagantes en forme de cornes de buffles, d'une part. Des mosquees aux architectures particulières - c'est a dire différent du prototype arabisé (cube + coupole en alu) qui polluent les horizons de la Capadoce turque a l'Andijan ouzbek). Elles sont la aussi pour nous rappeler que l'Indonésie est la premiere nation musulmane au monde. Pour autant, l'offre ne créé pas la demande en l'espèce et malgre les cinq messages publicitaires recités depuis les minarets chaque jour, on trouve ces lieux de prières plutot vides. On pratique ici un Islam modéré, c'est a dire qui a su se greffer sur des traditions plus anciennes et laisser libre court a des aspirations plus modernes. Mieux, la situation ne serait pas pire a Aceh (rendue célebre par son choc frontal avec le tsunami) ou la chariah remplace le code penal laique. On serait apparement loin du fief de Talibans qu'on nous vends par ecrans interposés, avec la rigueur professionnelle qui a fait la réputation de la presse parisienne. Sumatra n'est pas l'Afghanistan, en fait ce serait plutot une sorte de Far West, attirant les pionners poussés ici a cause de la surpopulation de l'ile voisine de Java ou incités a venir tenter leur chance avec le programme d'incitation du gouvernement central (les frais d'inscription aux facs sont moins élevés qu'ailleurs par exemple). Programme a la reussite discutable.

De retour dans nos hauteurs, on la trouve tellement épatante la campagne autour de Bukittinggi (ville tant qu'on y est très modelée par les Hollandais qui devint leur bastion pendant la guerre d'indépendance), qu'on décide de jouer les prolongations. La face cachée de l'histoire, c'est que les iles Mantawai ou on voulait lézarder, ressemblaient vu de près davantage a une zone drolement inhospitalière qu'a un centre de villegiature, désservie en plus de cela assez lachement par les quelques ferrys qui se risquent la-bas. Ca nous a degonflé tout d'un coup. On arrange finalement avec beaucoup de confort ce qui devait etre la part d'Aventure du voyage ; les treks intermidables, sangsues jusque sous les genoux, semaines passées au sein de tribus qui ne parlent aucune de vos langues, douches au naturel tombant quand cela vous arrange le moins, attente devant le marché déserté du village en priant pour que ce soit bien la que passe le seul bus qui vous ramenera a la Civilisation... tout ca, nous on le laisse aux autres. Notre gout se porte la ou l'homme a laissé sa marque, mais sans trop d'ostentation. La ou on se sent finalement le plus a notre place. Un avec la Nature, en clair, du moment qu'elle reste sur son ile hostile.

1 janvier 2009

Y'a comme un MALLaise, Royaume de Malaisie

Photos ajoutées !

Il y a des procès qui se perdent, et d'autres qui mériteraient d'être intentés. L'organisme qui vient de se caler dans notre colimateur s'appelle "office de tourisme de Malaisie" ; c'est en tout cas lui qu'on a décidé de rendre responsable de nous avoir entrainé dans cette galère. Tout est parti en fait d'une pub à la TV : gros plans sur des marchés colorés, forêts luxuriantes s'ouvrant tout d'un coup sur d'incroyables ravins que franchissent des ponts naturels façon Tolkien, et un tas de gens de toutes origines, tellement souriants qu'on leur confierait nos passeports. Et puis pour pas trop blâmer nos cerveaux-éponges il y a eu aussi le soucis du travail bien fait qui a joué. Louper la Malaisie ça aurait été laissé un espace vide au milieu de voisins qu'on s'était fait un plaisir de visiter. On pourra nous faire remarquer que le Bangladesh etait dans la même situation et n'a pourtant pas eu l'honneur de notre passage, sauf que c'est très différent ; le Bangladesh n'a pas les moyen de faire passer ses pubs à la TV.

Les arguments publicitaires commencent pas faire illusion, c'est vrai que c'est très vert autour et dedans Kuala Lumpur. La vérité est un peu moins écolo : on doit cette surcharge de chlorophylle à des palmiers à huile plantés en place de la forêt tropicale afin de participer au miracle des biocarburants. Alarmant et pourtant rassurons nous, la déforestation à Borneo ou Sumatra est bien pire. Pour revenir à notre cité, on s'y déplace peinard, en suivant les lignes aériennes, esquivant les grattes-ciel pour se retrouver invariablement au pied ou au coeur d'un mall, c'est à dire d'un centre commercial taille XL. Les ballades tentées à pied, sans clim',  vous font vous frotter à la météo equatoriale : grosse chaleur, humidité maximale. L'écart avec Sa Pa au Vietnam se mesure en litres de sueur et en superficie de crasse sur votre col de chemise. Le martyre a la politesse d'être de courte durée toutefois ; c'est que les monuments historiques, ou d'une façon générale, ce qui vaut le coup d'oeil dans la ville ne sont pas en surnombre. Les souvenirs des colons Anglais s'expédient en une matinée (c'est du mauresque comme ils l'ont déployé jusqu'à plus soif à Delhi ou Kolkata) et on se retrouve le reste du temps happé par les grands magasins réfrigérés où la vie est plus chère. Ces commerces-là, ce sont finalement des postes d'observation pas ininteressants pour qui veut ausculter un peu la société malaisienne. Le sociologue aurait en fait tort de chercher ailleurs  puisque c'est en train de faire son shopping qu'on retrouve invariablement notre sujet. Coup d'oeil sur cette société (argument publicitaire no. 3 : le multi-culturalisme).

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Les ingrédients qui ont fait gonfler ce gros gateau sucré, sans trop de saveur sont malais (les indigènes, 50%),  chinois (25%) , indiens (10%). A lire la recette, c'est sûr, c'est alléchant. Et dans un premier temps on y trouve tout à fait notre compte : retrouver nos dals (les soupes de lentilles qui ont alimentées Anke du Cachemire jusqu'au Sikkim), jeter un oeil à la pagode, entendre le muezzin appeler à la piété depuis la mosquée du quartier donne la sensation d'un condensé de plusieurs mondes juste au coin de la rue. Question transport, ça réduit la facture. Pourtant à y regarder de plus près, on constate rapidement que tout ce monde bigarré, reste sagement dans son pré carré, que la mayonnaise ne prends pas. Les chinoises restent entre elles, mini mini shorts, dévalisant des boutiques toutes roses en pleines d'importations japonaises (peluches, accessoires à portables clinquants). Les malaises plus prudes, gardent le sourire sous leurs voiles... L'état s'y prend de toute façon comme un pied pour  assurer le mélange, à coup de "discrimination positive" bien marquée au profit des Malais qui ont, par exemple, besoin de scores beaucoup moins elevés que leurs compatriotes d'origine chinoise pour accéder à l'université.

Pour continuer notre charge et prouver notre bonne foi, on s'est démené pour coller au programme des brochures touristiques. En fait on a fait la tournée des must-see dans les limites d'une météo accéptable (les côtes Est et Ouest reçoivent alternativement et équitablement leur saucée au fil de l'année : il ne faut pas se tromper de coin), ce qui nous a conduit a nous promener le long du détroit de Malacca, corridor entre la Chine et l'Inde (pour la Malaisie, y'a comme un symbole). On extrait de Georgetown assez rapidement ce que la ville a à nous offrir, finalement on s'y ennuie vite. On se jette sur les iles Langkawi voisines pour passer Noël. Un endroit "sauce Thai" en plus cheap question plage et en plus cher pour le reste. La suite ressemble à une fuite en avant. Etapes d'un jour, faute d'enthousiasme : Cameron's Highlands, le concept de station d'altitude pour colon enfièvrés ne fait cette fois-là pas recette. Les plantation de thé s'en sortent pas mal, mais pour le reste, l'architecture est affreuse, sans âme. C'est un Darjeeling foiré, vous commencez a voir le dessin... On décide de s'arracher plus tôt que prévu et de tirer notre révérence au pays à Malacca, le port depuis lequel on embarquera pour mettre le cap sur Sumatra. Et c'est naturellement la veille du départ que les choses prennent une tournure plus avantageuses, que le pays vous rattrappe par le bras et livre à votre appétit une ville fascinante.

Dans cet ancien port protégé par les Chinois, capturé par les Portugais, reprise par les Hollandais, échangé aux Anglais puis revenu dans le giron Malaisien, on découvre enfin une touche personnelle, qui nous offre autre chose que le sentiment d'un déjà-vu edulcoré. Il y a d'abord cette stratification des différents occupants encore bien visible et qui offre un mélange (bien réel celui-là) détonnant : depuis les maison-boutiques chinoises rappelant un peu celles de Hué au Vietnam, au moulin à eau et la tour de l'horloge... la ville porte son histoire a fleur de peau davantage encore qu'à Georgetown, l'autre grande cité prétendant à contrôler le détroit. Les malls ont ici été prudement relégués hors des limites de la vieille ville. Mieux ! En poussant un peu on tombe sur les reliquaires du passé : la communauté kristang, celle des métisses abandonnés là au départ des Portugais avec leur langue, leur catholicisme et un sentiment d'appartenance farouchement défendu. Le communautarisme a la vie dure, ici.

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