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Bourlinguer
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16 janvier 2009

Yogyakarta, Ile de Java, République d'Indonésie

On mesure la difference entre Sumatra et Java en se payant un aller simple en train depuis la capitale jusqu'a Yogyakarta, le seul aimant assez puissant pour arracher quelques touristes a Bali. La succession de rizieres n'est qu'un illusion qui se dissipe bien vite et qui fait se rejoindre la banlieue de la mega-cite indonesienne avec une succession d'autres villes agglutinees le long des rails. Ca y est ; votre nouvelle Deesse insulaire vous expose son vrai visage, une femme tres urbaine, tres polluee, musulmane discrete et qui ne vous emmene en campagne que tres rarement (ce qui est bien triste, parce que pour ce qu'il est reste, c'est bien sur, splendide).

A Java, donc, on cohabite avec une foule ahurissante, on pietine assez souvent les pieds du voisin et on devine la raison de ces maltraitances dans le chaos de l'urbanisme (le trottoire degage, concept occidental) qui a fait se fusionner des vieilles villes pietonnes aux allees etroites avec des zones commerciales qu'on trouve plutot chez nous en banlieue, mais qui conquiert ici les centres villes. Bref, les scooters ont priorite sur vos deambulations et la bagnole vous accepte sur ses plates bandes qu'avec beaucoup de mauvaise grace. Ajoutons a cela donc une densite ahurissante ; voila une image piquee au guide : prenez la population de l'Angleterre, multipliez la par quatre, a perimetre constant. Et vous voila avec le Lincolshire devenu a present aussi paisible que les rues d'Hanoi un jour de solde. C'est cette surpopulation qui a pousse pas mal de Javanais a tenter leur chance a Sumatra ou Kalimantan (c'est a dire Borneo moins la partie malaisienne et Brunei).

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Revenons plutot a Yogyakarta, terrain de jeu d'Hamengku Buwono X, sultan par heritage et futur president si Dieu le veut. Ca nous a paru d'abord incroyable que dans une republique comme l'Indo, on retrouve ce type de charge, coquetterie de l'Histoire et menagement des traditions par la jeune republique a sa naissance. Comme ces figures symboliques qui ne mettent pas trop les mains dans le cambouis (c'est a dire deleguent autant que possible la politique), notre Sultan est tres populaire. Question etiquette, il convient d'employer le haut-javanais - une des trois formes du langage - pour Lui adresser la parole, de se presenter a Lui tete decouverte, ce qui pourrait bien arriver si vous vous ballade dans son palais, en fait quelques vastes cours murees, peuplees par quelques preaux ou des orchestres jouent non-stop du gamelon, une musique de percussion assez hypnotisante. Ailleurs de petits batiments ou le monarche expose sa porcelaine fine, ses portraits... ennui mortel au fonds de l'oeil, appareil photo au repos.

Faire un tour dans ce qu'il reste des coups d'eclats architecturaux de ses predecesseurs, voila en revanche une facon intelligente d'utiliser son temps a Yogyakarta. La vieille ville est rafraichissante parce qu'elle nous rappelle vraiment rien de connu ; un petit peu la vieille ville de Damas, mais c'est vraiment histoire de ressortir ses references. C'est la qu'on frappe a la porte des artisans de son altesse (loges la gratuitement, si on a bien compris, en echange de leur talent) : fabricants de marionnettes - celles des jeux d'ombre dont parle Henri Michaux (1), teinturiers du batik, qu'on se perd encore dans le marche aux oiseaux, autrement plus impressionnant qu'a Ispahan (les comparaisons, ca nous hante desormais) et qui donne la mesure de l'amour des javanais pour ces betes a plumes. Le decors cartonne, teintes d'albatre, visages en medaillon au dessus des porches, jardins caches, piscines venerees par les riverains. C'est beau comme un reportage de Thalassa, c'est bichonne soigneusement par les heritiers (ce sont des gens, ils me semble, qui savent transformer leur habitat sans grands moyens et avec une gout certain, les indonesiens), entretenu par l'UNESCO. Combien sont-ils d'ailleurs a bosser pour cette agence, nous on a perdu le compte du nombre de sites qu'ils sponsorisent et qu'on s'est farci...

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C'est enfin a Yogyakarta qu'on s'est decide a s'ouvrir aux autres par la voie royale, c'est a dire en ouvrant  notre carnet d'adresses SERVAS. Une ONG 2.0 avant l'heure, qui fait dans le reseau social, tendance internationnal, dans la mise en relation de personnes geographiquement / culturellement tres eloignees et sporadiquement tres proches. Bref qui aide a se faire croiser les bourlinguers du monde entier, de leur faire partager une soiree, un repas, un toit sans contre partie ni salaire avec comme combustible un desir d'echange, un partage de curiosites. On repart de la un avec une petite cle qui donne a voir un peu plus du pays et apres, on espere, avoir laisse derriere soi quelques indices sur notre vie, notre culture a des hotes, souvents instruits et aises dans leur pays mais qui, autre scandale de ce monde, n'aurant jamais les moyens de venir voyager par chez nous. Avoir attendu la fin du voyage pour tirer parti de ce joli reseau ; il y a des coups de bambous qui se perdent...

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(1) Un barbare en Asie, Henri Michaux, L'Imaginaire, Gallimard

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Commentaires
E
Merci, c'est tres gentil d'y avoir pense. La fete etait tres reussi, le massage etait excellent (massage balinais beaucoup moins douloureux que le massage thailandais !) et Anke etait, comme d'habitude, parfaite !<br /> <br /> A Bientot
D
Bonjour Erwan,<br /> <br /> Je te souhaite avec un peu de retard ton anniversaire. J'espère que le massage c'est bien passé et que le petit déj apporté au lit était délicieux.<br /> <br /> Je vous embrasse tous les 2 et à bientôt.<br /> <br /> Didier (Papa de Anke)
T
"C'est beau comme un reportage de Thalassa" 20/20 !<br /> <br /> Superbe la photo masters of puppets !
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