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Bourlinguer
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15 septembre 2008

Descente de l'Irrawaddy, Union du Myanmar

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En connaissez vous d'autres comme moyen de transport que celui qui vous charrie sur deux cents kilomètres ou, autre perspective, sur un tour et demi de cadran d'horloge, à un rythme, donc, qui rendrait fou si on était sur la route, un moyen de transport qui vous montre la vie rurale le long du fleuve, en douceur; sans vous lasser, un poste d'observatoire mieux encore que le cinéma ?

De tous les chemins empruntés et jusqu'ici rendus, la descente de l'Irrawaddy en péniche mi-frêt, mi-passagers est de loin le plus épatant. C'est une astuce qu'on a pas beaucoup de mérites à dévoiler, qui figure en fait dans tous les guides, rien d'exclusif, même en tant qu'étranger, mais qui nous fait pourtant la sensation de nous enfoncer en profondeur dans le Myanmar, qui nous pousse au rythme très lent de l'embarcation vers les autres ; ados fascinés par le balladeur plus que par les sons qui s'en échappe qu'on leur produit, bambins qui se fichent pas mal, eux, des prouesses technologique d'Apple et qui dandinent en cadence sur cette même musique, hommes aux gencives défoncées, dents rouges à trop chiquer le bétel recrachant dans les eaux brunes du fleuve des surplus sanguignolents, famille bourgeoise enfin, outrés que des touristes de seconde classe viennent se servir des toilettes de leur compartiment. On s'en moque on a le laisser passer du capitaine.

Ces rencontres, on ne les fait pas seul ; on se retrouve, sept déracinés parqués ensemble sur le pont, avec chaises en plastique pour dominer les Birmans privés de ce confort (instrument de différenciation qu'on ne tarde pas à empiler dans un coin). Notre petite force est européenne, française beaucoup, italienne et allemande renforcée par le brésilien qui nous suit depuis Yangon. C'est finalement pas nombreux pour tenir tête aux abordages violents qui ont lieu à chaque escale. Le film a des airs de déjà-vu comme disent les américains ; ça rappelle la piraterie. Deux lourdes planches sont jetées du bastingage à la rive ; la première à peine posée que dejà la première vague de commerçants se lancent dans la melée, négligeant le premier pont (réservé aux marchandises, à quelques volailles, à des toilettes presque sous-marines et à l'encaisseur) pour jeter leurs harangues aux occupants du second - l'équipage décrit plus haut. Ce sont des flibustiers* bien aimables, un peu insistants pour mettre une touche d'honnêteté, nécessaires même, car on ne se risque pas trop à tester la popotte servie sur le raffiot et cuisinés avec la flotte sur laquelle on circule. Leurs munitions font dans le maraicher ; bananes (on en mange ici plus que dans tout le reste de sa vie : crue ou frite), pastèques, dans la volaille aussi façon tandoori. On se contente d'un rien parceque la gentille famille assise à coté de vous a insisté tout le voyage pour que vous preniez un peu de leur repas ; du riz parfumé avec un peu de viande grillée, quelques épices qu'on ne reconnait pas et, idée lumineuse ! des feuilles de thé.

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Quand ils en ont assez d'attendre, vient le tour des déchargeurs qui retirent des entrailles du navire des dizaines de ballots de 100L gonflés à la cacahuète. On en prend pour une heure, le temps de regarder la vie du village où tout se fait à la main et se transporte en boeuf. Au rythme où on va de toute façon, c'est à peine si on fait descendre la moyenne. Et puis finalement, on reprend la route, les vendeurs retardataires dérapent des passerelles, se foutent d'eux même à l'eau avec leur bardas, brandissant à la surface des billets protégés dans des sachets hermétiques. Une sortie de scène bien rodée.

Etre parti aux aurores change rien à l'affaire et on arrive bien sûr de nuit à Bagan. Plus grand monde à qui donner du "au revoir", ceux qui vous on nourri sont partis sans se faire remarquer. L'heure n'est de toute façon plus aux sentiments, il y a deux urgences en plus de la crêche : se trouver une régime autre que celui des bananes et louer quelque chose de moins dur que des lattes de bois pour le salut de votre fondement !

* A ce propos, vous pouvez lire les mémoires passionantes du plus réel des flibustiers fictifs; celles qui figurent dans les Cahiers de Le Golif dit Borgnefesse. C'est édité dans la très bonne collection des Cahiers Rouges de Grasset et préfacé (pour ne pas dire plus !) par T'Serstevens.

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Commentaires
M
on se pavane en bob à fleurs et on fait dans la littérature, hein?<br /> <br /> hé bah vous savez quoi? Quand Erwan était petit, il faisait pipi en même temps que moi dans la cuvette des toilettes pour me faire crier.<br /> <br /> Là.
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