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Bourlinguer
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24 juin 2008

Yazd, Republique islamique d'Iran

L'envie vous prends parfois de vouloir poser un peu vos valises ; a avoir enchaine trop rapidement les dernieres etapes, l'esprit s'emmele et nous rappelle que nous ne sommes plus nomades depuis qu'un petit malin a commencer a domestiquer le betail et cultiver ses terres. Ce sont en fait certains signes qui ne trompent pas ; a la question "d'ou venez vous ?" les souvenirs se melent, les mosquees de Shriaz poussent desormais a Ispahan, les paysages de Persepolis se chevauchent avec ceux qui defilent par dela les vitre de l'autobus qui quitte Teheran. Une autre fois, c'est le nom de l'hotel ou vous avez pose vos guetres la nuit derniere qui vous echappe. Ca fait pas serieux. Le desir de ralentir la course vous accroche et pour peu qu'il rencontre des circonstances favorables, il vous en faut de la determination pour poursuivre votre course de vitesse (qui vous semble de plus en plus aberrante sachant que vous avez 9 mois devant vous !). La circonstance dans le cas present se nomme la Koham Guesthouse ; le genre de creche qui ne vous fait pas vraiement regretter vos 20*20m parisiens. C'est dans la vieille ville de Yazd qu'on la decouvre, par un vestibule, grand ouvert sur la ruelle qui fait mine de s'enfoncer sous terre. Le couloir, pave de terre cuite, de murs blanchis vous conduit sur un espace plus grand encore ou des divans se font face. C'est la qu'on patientera, a l'ombre, l'exil des heures les plus chaudes de la journee. Les repas se prennent allonges, a l'antique, a la romaine (comme on se les represente en tout cas). Le vis a vis est un jardin au milieu duquel un long bassin sert de camps d'entrainement a un escadrons de poissons rouges. La fontaine de les perturbe pas trop dans leurs manoeuvres ; on est ravi. C'est justement a l'extremite de cette entendue d'eau qu'on a elu domicile. Pour cela il nous faut encore emprunter un tunnel qui s'enfonce raide dans la fraicheur sous terraine et prendre a droite apres une premiere volee de marches. Une longue piece voutee, gorgee de l'humidite qui circule en contrebas vous servira de repere pour quelques nuits. L'audacieux poursuivra sa descente. Sa recompense l'attend ; un acces au qanat. Ces reseaux d'irrigation tout a fait propre a l'Iran sont creuses conjointement par la main de l'homme et sa perseverance. C'est sur plusieurs dizaines de miliers de kilometres qu'il faut compter, d'autant que les canalisations occidentales ne les ont pas encore tout a fait enterres (car il est bon de rire parfois). C'est a Yazd qu'on rencontre ses batisseurs les plus zeles, payes une mine d'or - precise le guide.

Mais l'hotel n'est pas tout ; a tenter de flaner dans le debut de l'apres midi on a le sentiment que question temperature, Shiraz, c'etait de la blague, et pour paraphraser ce brave Murphy, que les choses peuvent toujours empirer. On s'en est rendu compte lors de notre quete pour trouver le Hamburger au chameau dont parle le Lonely Planet. Le solde, c'est quelques litres de suddation et le regard blase du gerant qui nous fait comprendre qu'ici c'est un etablissement correct et qu'on y sert que du boeuf. On fini alors par prendre le plis, on se convainc de se lever pas trop tard le matin malgre une nuit passe alternativement a combattre les moustiques et a errer dans la pension a la recherche d'un coin un peu plus frais que la fournaise ou on vous a persuade de dormir. Alors, zou ! Nous voila, filant vers un frole de site : Darmeh-ye-Zartoshtiyun. Deux tours qui s'affrontent juchees sur leur colline, un village abandonne pour spectateur.

tour_du_silence

On s'etonne d'abord que ce genre d'endroit soit laisse aux vents et aux vandales ; ne cherchez pas de gardien, il suffit de forcer le portail pour entrer. Et puis quelle valeur represente aux yeux du pays islamique un site de celebration des zoroastriens ? C'est comme cela pour tout ce qui sort de lieux de cultes musulmans (Persepolis etant un cas a part) on a le sentiment que c'est aux communautes de se debrouillers ; celles des Armeniens pour la cathedrale de Vank a Ispahan, celles des zozo dans le cas present. Priere d'entamer les restauration sans ostentation ni publicite, de surcroit. Alors on tente d'etre oecumenique, apres les mosques et mausoles, on rend visite a un des temples du Feu des zoroastriens (dont la communaute est encore bien vivante ici ; en depit de leur exile pour l'Inde des gros de leurs troupes).

La deambulation dans la vieille ville est la plus sure et la plus agreable des manieres pour vous perdre. Dans ce decors monochrome (terre battue comme plancher, batisses qui ne vous presentes que leurs arrieres tirant sur le jaune et le brun), on voit des venelles vous fausser compagnie au premier de leurs virages, des aires de jeux comme ayant subi un bombardement, des batisseurs qui, en plein cagnar, vous devoilant les mysteres qui tiennent ces murs a peu pret droits (quand d'epais madriers ne viennent pas en renfort pour eviter que l'etroite allee ne vous tombe sur la gueule). De la paille, de la brique, de la boue, du mortier dans doute, voila le secret de ces maisons ecolos depuis toujours. A nous il en restera surtout le souvenir d'une odeur toute animale (dira-t-on pour rester correct). Les visites des mosquees, elles, sont autant l'occasion d'etancher sa curiosite (c'est qu'ils vous attirent immanquablement ces petits coins bleutes) que de satisfaire celle des pelerins. On decline a tous les coups son etat civil ; la mention de vos origines (la France, en fait, car Machecoul (44) ils s'en moquent) vous vaudra la replique "Zinedine Zidane" - murmure un peu plus timidement que par le passe - ou alors plus reprobateur "Sarkozy". Celui la, de Syrie a l'Iran ne remporte pas les suffrages. On prend un air desole et on fait glisser la discussion sur des terrains moins polemiques. Eux de toute facon sont deja passe a autre chose.

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