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Bourlinguer
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9 novembre 2008

Province du Champasak, République Démocratique Populaire Lao

Photos ajoutées

C'est un bled en plein essors qui se trouve être notre point de chute ; Pakse situe sur la route 13, la plus civilisée du pays. Par là, on accède au Sud Est réputé sauvage, le plateau des Bolovens, un morceau de la piste d'Ho Chi Minh et, en poussant encore à peine, une trio de frontières ; les vietnamienne, thai et cambodgienne. On construit dans la ville à tour de bras (les bras sont laos et les capitaux plutôt viets) : maisons luxueuses - c'est que cette république socialiste là aussi a fait sienne le slogan "enrichissez-vous"- , concessions nouvelles vendant d'énormes pickups (au vu de la super qualité des routes principales ça sent le m'as-tu-vu), et encore une fois, sièges d'administrations imposantes et toutes neuves (chaque province a ses antennes de ministères). On passe la demi journée à plannifier le déroulement des jours restants ; dans notre quête pour l'authentique - ou l'inconfort, c'est selon - on avait d'abord décidé de silloner la zone avec les transports locaux qu'on trouverait et puis, en s'échauffant un peu l'ardeur à renfort de Beer Lao avec d'autres Français (c'est pas qu'on les cherche, ils étaient dans le même hotel que nous), on décide de faire comme eux et de battre la campagne avec des motos de locations. Sur le coup, le souvenir de votre gamelle au guidon de votre 125cc sur le périph' vous conduit à vous demander si vous serez ce coup-ci à la hauteur pour apprivoiser ce qu'on imagine être une cylindrée rustique et agressive, sur les sentiers défoncés avec en plus une miss vissée sur le porte bagages... Et puis finalement, on s'est inquiété pour rien : leur motos à eux ce sont nos scooters à nous avec des roues bien hautes pour aller partout.

La croix a été faite donc, sur les plans echaffaudés la veille pour se retrouver à deux couples sur la piste des cascades très nombreuses, très variées (de la large, de la vertigineuse, de la baignable, de la payante...) et des villages très jolis. Pour ceux -là, il faut aller les chercher au bout des routes de terre, souvent détrempées avec des ornières grandes comme des montagnes et des flaques d'eau qu'on ne traverse qu'en s'en mettant partout. Notre apparence de poilus de la première guerre les effraie pas, les villageois. Tenez ! En voilà même un qui actionne la pompe du puit pour alléger vos sandales de quelques kilos de glaise. Son père pendant ce temps s'affaire à redistribuer un peu les richesse en siphonnant votre réservoir pour remplir celui de votre coéquipier allemand qui avait visé un peu trop juste. Il devrait il y avoir de quoi le conduire jusqu'à la prochaine station service c'est en tout cas comme ça aussi qu'ils appelent les petits stands sur lesquels sont alignées des bouteilles anciennement d'alcool, remplis à présent de fuel. De près comme de loin ça ressemble à du rosée.

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Cet autre village dont on a oublié l'éthnie qui le compose - pour se dédouaner précisons qu'il y en a un paquet - est organisé en un vaste cercle bordé par les maison traditionnelles ; c'est à dire en bois, hissées de deux à quatre mètre du sol sur des piliers. Au centre, on remarque d'abord les baches plastiques sur lesquelles les piments rouges sont en train de sécher. Les cochons se mélangent fraternellement, qu'ils soient noirs et velus, tout roses comme chez nous ou, comme pour appuyer mon propos, mixtes. Leur terrain d'entrainement c'est souvent sous les maisons ou mieux encore dans des trous boueux, bref tout pour éviter la bronzette. La vie est moins drôle pour les buffles qui en plus de trimer toute la journée aux rizières n'éviteront pas le destin funeste de leur confrères porcins qu'il peut leur arriver de cotoyer au fonds d'une même assiette. Honnêtement ce n'est pas du charolais à manger parce que c'est dur et plutot moins parfumé. Les laotiens eux en rafolent et se font même des snacks avec des morceaux de peaux séchées. Avec du poil autour. Héritage des Français, on retrouve enfin les mêmes bovidés que sous nos latitudes ; ça les distingue des paysans birmans par exemple. Qu'on aille pas me parler des méfaits de la colonisation après ce contre exemple remarquable !

Comme trace d'une présence étrangère moins reluisante, on recense les "UXOs" ; ça nous parlait pas plus qu'à vous au début et pourtant c'est une plaie encore très réelle ici. Il s'agit en fait des ces zones non désamorcées dans le sol desquelles sont ensevelies des tonnes et des tonnes d'engins explosifs (des bombes, en fait ; les mines on laisse plutôt ça aux Cambodgiens) encore potentiellement actifs. A taille comparée le Laos est le pays qui a été le plus bombardé à cause principalement d'une campagne massive des US pour anéantir la piste d'oncle Chi Minh d'une part et neutraliser les sympathisants du Pathet Lao, l'organisation communiste aujourd'hui au pouvoir. Les fourmis qui se livrent au recensement et à la pacification de ces obus ont doublement notre sympathie : d'une part parce qu'ils ous ont invité à assister à une de leur partie de pétanque une verre de bière comme pot de bienvenue (ne croyez pas que ce soit un automatisme ; il leur arrivent le plus souvent de trinquer avec du lào lào, un whisky de riz... et bien, lao). Et puis aussi parce qu'on les a surpris à l'oeuvre et pris en photo sous leur benediction avec tout leur materiel : detecteurs de métaux, combinaisons, gros 4x4 tout ça financé par l'UE ou les etats uniens qui ont visiblement la décence de se sentir un peu responsable de ce bordel !

L'ultime étape nous rapproche avantageusement de la frontière cambodgienne, dans une région qui s'appelle Si Phan Don ce qui se traduit poétiquement par "les 4.000 iles". Le compte n'y est pas tout à fait, mais il n'empêche, c'est là encore un coin sublime, une portion du Mekong où émergent des bancs de sable, des roches et des iles de plusieurs kilomètres sur lesquelles on retrouve la vie paysanne de la région du Champasak. Un cadre vraiment magnifique, sans véhicule si on oublie les quelques motos, résistant encore un peu aux dénaturations du tourisme de masse. En clair, un point final précaire mais fabuleux au charmant chapitre laotien. Poil aux mains.

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Commentaires
E
Je ne recommencerais plus votre honneur ! De nouveaux voyages de prévus de ton coté ?
F
hihihiii! Erwan il a écrit "poil aux mains" ! *giggling*
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