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25 octobre 2008

Luang Prabang, République Démocratique Populaire Lao

Photos ajoutées

On se retrouve sur les coups de onze heures à 120, parqués dans une barge prévue pour deux fois moins. Le petit groupe de cinq retardataires qui veulent eux aussi leur place dans la bétaillère sera finalement l'étincelle qui met le feu aux poudres et déclenche une mutinerie menée par des espagnols enfièvrés. L'armateur lao n'en mène pas large et, derrière le sourire qu'il porte perpetuellement en étendard (un trait qu'il partage d'ailleurs avec ses compatriotes), on croit déceler un zest de crispation, pour ne pas parler d'une franche panique ! Finalement, ça s'arrange ; le gars rogne sur sa marge - à 120 euros par têtes de pipe; son benef est ahurissant pour le pays - et appareille une seconde péniche dans le sillage de la première. On y gagne un peu en confort, par contre, dans la gamme des pièges à touristes, on vient de se faire siffler un drôle d'air !

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Et pourtant... Notre projet à nous, sur le papier,  il sentait l'authentique, le dépaysement, la rencontre avec le local. On pensait tout d'abord arriver - découvrir ! - un poste frontière isolé au Nord de la Thailande, avec le Mekong à enjamber avant d'aller faire tamponner son visa. Puis encore de se refaire le coup de maitre de la Birmanie : emprunter le transport fluvial pour descendre paisiblement sur Luang Prabang, le joyau du Nord, d'après un tas de gens. Par là, on s'offrait en plus le plaisir de passer la frontière à pied (en barque à moteur pour être plus précis), ce qui a d'une part infiniment plus de charme que de sauter d'un aéroport à l'autre et de l'autre vous donne une impréssion flateuse ; celle du sentiment de l'itinéraire, du chemin parcouru, la transition en douceur d'une culture à l'autre. Sauf qu'en l'espèce, le bon plan du guide était un tuyau éventé. Voilà d'ailleurs une chose qu'on fini par apprendre en bourlinguant ; prendre de la distance avec le Lonely Planet. Encore un effort et on va finir par pouvoir s'en passer...

Sur le timing, en revanche, on ne s'est pas fait berner et c'est bien deux jours plus tard qu'on arrive à Luang Prabang en étant parvenu à se faire aucune attache mémorable à bord. Pour revenir au début, c'était des Australiens sympas qu'on avait croisé dans une pension à Yazd qui avait commencé à nous en causer, il y a quelques mois de celà. On avait à l'époque noter le nom sous leur diction. Nous y sommes à présent et on sent un lent desespoir nous envahir. Voilà le décors. Un marché artisannal, c'est à dire un endroit où on vends aux touristes des choses dont les gens du coin n'utilisent plus depuis des lustres, qui a posé ses marquises rouges uniformes (celles qu'on trouve en bord de mer) sur l'arthère principal de la ville. Un flux massif de touristes se croise, regarde, marchande et part avec un tas de trucs déconcertants. Les voulez-vous ces T-Shirts de mauvais goût aux couleurs des bières locales, du site touristique voisin ou de dessins graveleux dejà vus cent fois à Bangkok ? On peut vous refiler aussi une épatante boisson locale dans des bouteilles de whiskey dans lesquelles on a glissé un cobra aux prises avec un scorpion dans des positions improbables ? Pour moins cher vous ne repartirez pas sans cette pashmina indienne. Plus typique; tu meurs ! On court prendre l'air ailleurs, on grimpe la volée de marches du mon Phu Si, panorama garanti ; t'as qu'a voir, c'est dans le guide. Sauf, que le panorama, il va falloir l'imaginer bien fort entre les têtes, les nuques, les épaules et les pieds d'appareils photos des touristes dont aucun ne manque à l'appel. On juge la cité perdue. Qu'importe ! Les alentours sont charmants, dit-on. On tente de rejoueur ce qui avait été le temps fort de Chiang Mai, la ballade dans la campagne en moto. Sauf que non. ici, les motos il est interdit de les louer. Le vélo peut être ? Pareil, nous assure-t-on. On sent la grosse ficelle, le coup du gang des taxis. On va tirer ça au clair à l'office du tourisme. On en sort ahuris, si la police nous prends en motos, ils la confisquent sans autre forme de procès. Les bicyclettes sont tolérées, soyez discrets. La tournée des temples (dont les plus anciens ont été brulés à la racine par les razzias chinoises) ne nous émerveillent pas on plus. C'est surpeuplé de visiteurs, déjà-vu et payants. Nous sommes aigris, et c'est notre droit.

Et puis finalement... Au bout de deux jours, on a eu le loisir de se refaire une opinion. De chercher par exemples les indices de la présence française ici. On trouve des traces dans l'architecture dans quelques ajouts à leur gastronomie (pain ! saucisses !). Et puis on tombe sur des parties de petang jouées par les hommes plutot agés. A part le nom rien ne semble avoir été écorché : cochonnet, équipe de 2 ou 3... tout y est. Ce genre de scène c'est en quittant les rues les plus importantes, en flanant dans les petites allées (celle qui mène au cours de cuisine qu'on suit une journée) interdites à la circulation (c'est un site de l'UNESCO, Luang Prabang), paisibles. Et puis, enfin, on rencontre sur des gens sympas. Laotiens - on aura l'occasion de s'en rendre compte les jours suivants - et exilés comme nous. Avec eux, on compare les carte, on échange l'info et on arrête une décision; notre route à nous au-delà de la capitale sera plein Sud. Un coin sauvage, perdu, pauvre, hors des sentiers battus. On en demande pas plus.

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Commentaires
E
Pour faire la symthese (et eviter d'avoir a rembourser votre guide !) disons que le LP est pas indispensable mais que ca reste quand meme le moins mauvais des compagnons de route. :)
M
le beau a pris les devants.<br /> le pire, c'est qu'on a choisi celui-là sur ton exemple, grand frère! je t'enverrai la note :)
T
"Voilà d'ailleurs une chose qu'on fini par apprendre en bourlinguant ; prendre de la distance avec le Lonely Planet."<br /> <br /> On se posait un peu la question ici aussi de l'utilité dudit guide, cette réflexion risque de finir de nous convaincre de s'en passer..<br /> <br /> Très bon blog sinon, toujours hâte du prochain post
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