Ile de Ko Chang, Royaume de Thailande

Photos ajoutées

Une pluie dépourvue de l'enthousiasme des averses tropicales s'est invitée dès le début de la traversée reliant Laem Ngop à l'ile de Ko Cha,g. L'alliance de la brume et de l'obscurité fait son possible pour masquer le cap que s'est choisi le ferry boat, mais rien n'y fait ; l'énorme masse qui émerge dans cette partie du Sud Est du golfe de Thailande s'impose à vous et aux autres passagers. Ses dimensions titanesques, son dos très arqué sur lequel semble pousser une végétation incontrolable vous donnent la mesure : s'en est fini des petites iles pour vacanciers de week ends, vous voilà prêt à débarquer sur le territoire insulaire numéro 2 du royaume.

A bord, on a étudié un peu les autres histoire d'avoir une idée sur les colocataires qu'on risque de se coltiner sur place. Il y a d'abord les désormais incountournables touristes chinois en petits groupes de deux ou trois ; une jeunesse le plus souvent émancipée à la sauce japonaise jusque dans leurs mimiques devant les objectifs et dans leur cadence de tir derrière l'appareil (tout le monde se ballade désormais avec des reflex sur dimensionnés, calibrés en mode automatique, allumant tout ce qui bouge et mitraillant le reste à coup de cadres improbables... du coup, on deviendrait presque un original avec son petit compact iranien !). Mais dans le lot des vacanciers et des ilotiers (qui sonnent beaucoup mieux qu'"insulaires", non ?) de retour, ceux qu'on prend vraiment plaisir à observer, ce sont les couples mixtes. Lui est le plus souvent germano-anglo-saxon, cogne dans la tranche des 20-60 ans et assume plus ou moins bien la présence de sa compagne thaie assise à coté de lui. Elle justement elle ne dépasse pas la quarantaine, est vêtue très court et affiche avec plus ou moins d'entrain son plaisir à s'être faire payer cette croisière par son amour de vacances. C'est évidement un accord financier qui scelle les intérêts de cette romantique alliance. Un contrat en bonne et dûe forme signé à Bangkok ou dans les bars à rencontres de Pattaya (la cité du vice comme le vanteraient presque les dépliants publicitaires). C'est en fait une pratique ultra répandue qui ne choque plus grand monde et rend la chose d'autant plus facile à assumer pour ces grands enfant venus ici s'amuser. Du coup, tout le talent de ces courtisannes est dans leur capacité à materner, à cajoler le farang, l'étranger à transformer leur experience de la Thailande en une douce et pathétique régression. On en voit de ces scène dans ce Dysneyland pour les grands ; des sextagénaires gazouiller sous les chatouilles de jeunes filles, des quadras jouer au pistolet à eau ou trimballer leur conquêtes autour de l'ile à l'arrière de leurs scooters. Roulant sans casque - les rebels - exhibant les marques de ces vacances de rêve gravées dans leur corps : tatouage maoris sans personnalité ni signification. C'est en discutant avec ces professionnelles qu'on se rend compte des petites tragédies qui s'annoncent, ou en tout cas, des décallages entre leurs pensées et les attentes des étrangers. Ils juraient d'abord de ne pas de faire prendre et les voilà qu'il les supplie de venir s'installer chez eux au Danemark. Simplement, les choses ne vont pas se passer comme cela, la demoiselle a déjà plannifié ses noces avec un jeune de son village près de la frontière cambodgienne. Ses autres collègues sont d'ailleurs souvent mariées - ça va en faire des déçus.

On pourrait croire qu'il a des parfums de roman de Houellbecq ici, c'est un peun vrai mais l'emballage est quand même plus vendeur, et du reste, Ko chang est loi d'être le lupanar thailandais. De plus si on y construit beaucoup c'est depuis peu de temps. Une ile donc encore un brin sauvage dont le coeur est sanctuarisé sous la forme d'un parc national escarpé où une minorité de touristes s'aventure. Un peu grâce à cela sans doute c'est un coin qui ne manque pas d'attraits, qui vous dévoile son bestiaire et sa collection de paysage sous l'escorte d'un guide. De la forêt de bambous, des vipères, des hévéas éparpillés dont les saignées en spirale le long de leur tronc permettent l'écoulement et la récolte du latex, des cascades à pic et encore des petits creux ou se planquent des variétés de mygales qu'il faut astiquer longtemps avec un baton avant qu'elles finissent par sortir. Les jolies lignes de mangroves, c'est quand la jungle essaie de se noyer dans la mer. On voit alors les racines émerger très haut qui donne à la végétation l'impression de remonter ses jupons. On se ballade là dedans en kayaks d'un village de pêcheurs à l'autre qui vous retiennent pour manger. Eux sont en pleine prière. Ou plutôt, cinq moines boudhistes assurent le spectacle récitant à l'unisson leurs mantras. Les villageois eux se tapent la cuisse, discutent, prient à la coule  - c'est d'ailleurs quelque chose de frappant ici, l'absence de séparation entre les activités professionnelles, religieuses et la détente.

On trouve plus son compte ici que sur la petite ile de Ko Samet ; de la plongée pour les braves (à moins deux mètres, j'ai les tympans qui explosent, je me suis limité au masque et tubas - activité qui a en plus le mérité de vous faire bronzer vitesse grand "V"), du trek dans la jungle avec un groupe sympa, du kayak donc et encore de la lecture (une anthologie des recits des voyages les plus dramatiques, motivante pour la suite ! et un récit paysan de Chatwin pas vraiment passionant),  du visionnage de série anglaise (jetez vous sur The Office si comme moi vous avez quelques trains de retard !) et le suivi des journées de la Premier's League. La prochaine fois je vérifierais quand même que le tenancier ne soit pas un fan de Manchester United.

Comments

[Maël]

je viens justement de m'en payer une tranche, de pure laine: c'est bien sympa (pour l'instant, j'ai réussi à voir qu'un seul épisode en entier, mais Thierry devrait arranger ça!)

[erwan]

The Office c'est a mourrir de rire. Et puis avec TV5 on a decouvert Pure Laine, connaissez vous c'te sitcom la ? Ca vient du Quebec et ca s'adresse on dirait aux nouveaux arrivants... bref, ca nous fait penser a ce que vous endurez !

[maël]

on était en maque d'inspiration pour notre séries-mania, puisqu'on a visionné tous les "Mad Men" dispos (série que je te conseille plus que vivement pour ton retour)
The Office, donc...