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Bourlinguer
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31 août 2008

District du Sud et de l'Ouest, Province du Sikkim

C'est avec les permis tamponnés sans cérémonie par les différentes administrations que vous faites vos premiers pas vers le Sikkim, une province très petite et très au Nord-Est. Ce traitement particulier n'est pas le seul, il faut voir d'une façon générale comment le colosse indien est au petit soin avec une des plus réduites de ses régions. Ses largesses, vous les ressentez sous vos pieds, avec des routes feintant à l'infinie les obstacles naturels, des routes souvent douces comme des tapis de billard. Ce travail de forçats, puisqu'on en parle, est celui de la Border Roads Organization, les mêmes fanatiques grace à qui on a pu se déplacer dans le Cachemire. On ressent aussi cela au bout des doigts en naviguant a toute vapeur sur Internet, là encore les investissements ont été massifs, indécents au regard de certains autres coins du pays. Toutes ces cajoleries ont bien sûr leur raison d'être au devant desquelles il faut citer une situation géographique bien opportune; bien stratégique en clair. Le Sikkim ce serait un peu comme la porte arrière d'une maison qui permettrait d'accéder dans les jardins des voisins népalais, chinois ou bouthanais. L'idée finalement, c'est d'acheter la fidélité d'un peuple qui historiquement et par vassalité est rattaché au Tibet, de garantir la stabilité de cette zone tampon considérée timidement par la Chine comme lui revenant de droit.

Un peu quand même mais moins que dans le Cachemire, pour reparler de lui, les convois de militaires sont légions et on en finirait par se demander si ces jolies routes n'auraient pas été construites pour eux plutôt que pour nous finalement. On trouvera de toute façon son compte dans cette province tournée sur l'éco-tourisme, le développement durable, toutes les tendances les plus hype du moment. C'est en effet un coin qui mettrait plus d'un faucheur volontaire au chômage parcequ'ici les OGM et phyto-sanitaires sont durement controlés pour ne pas dire prohibés pour les premières. C'est un coin aussi ou les projets de developpement forestiers pullulent ou les sacs plastiques sont interdits ; le Vatican des écolos, les gardes suisses en treillis. Tout ça c'est pour la bonne conscience, ce qui satisfera le touriste en revanche c'est dans les treks qu'il faut les chercher et dans une trame culturelle bouddhiste omniprésente. Nous on s'est limité à la seconde option, c'est que les marches par là sont trop sérieuses, le coin abritant la troisième montagne du globe. C'est dejà beau de trouver des preuves d'habitations sans parler des temples dans ce paysages plus sauvage que tout le reste. Il en faut surement de la perséverance pour vivre par là, on s'est est rendu compte en comptant le nombre de maisons emportées par un glissement de terrain dans ce village, là en comptant le nombre d'éboulis qui n'ont, malgrè tout, pas eu raison de la route.

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La météo n'est pas notre meilleure alliée cette fois ; les points de vue, les panoramas se cachent pudiquement derrièreun lourd rideau cotonneux. Au point qu'on fini par tourner un peu en rond, à passer d'un village à l'autre en priant pour le soleil, à faire quelques jolies rencontres quand même, tels le chantier pharaonique de Soplophok d'où on peut voir et pour de vrai la naissance d'un Dieu de quarante mètres de haut, des réfugiés bouthanais aussi (ironique d'être immigrés de ce pays alors que c'est tellement compliqué pour les autres d'y poser un orteil !) à qui on abandonne notre pull le plus chaud et qu'on maudit ensuite, quelques jours plus tard, quand le froid vous tombe pour de bon dessus et puis retrouvailles sanglantes enfin avec nos vieilles copines de sangsues. Le dernier rush nous enlève à cette région pour faire halte dans le West Bengal. L'occasion de remplir les musettes de souvenirs, d'apprendre la différence entre la blouse et le sareeh, de s'approvisionner en pashmina parceque celle qu'on avait l'habitude d'acheter dans le Cachemire est plus que jamais hors de portée avec la reprise des attentats, quinze jours après notre départ. Et puis finalement, par train de nuit, attérir dans une Kolkata de triste réputation.

Alors qu'en fait, non. Pas de chocs, pas de lèproseries à ciel ouvert, rien de tout cela sinon une cité au passé anglais bien assumé, facile, presque propre. Le rythme des derniers jours se mesure avec le peu de rouppies restantes. On fait dans le culturel, dans la ballade ; on a pas trouvé moins cher.

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