Chandigarh, Province du Punjab, Inde

Photos ajoutees =>

La capitale du Punjab est une ville opportunement sortie de terre dans les annees 50 afin principalement d'avaler les flots de refugies hindous contraints a cet etat par la partition de l'Inde et du Pakistan. On a reserve a ces derniers autre chose que des bidonvilles ; a la place, plutot, une cite erigee avec calme, avec ordre, avec audace et avec l'aide de quelques cabinets d'architectes occidentaux. Dans un premier temps, ce sont les americains qui s'y sont colles, cela on le sait grace au musee municipale, sacrement bien fichu et assez unique pour ce qui est d'expliquer les enjeux de politiques urbanistes (le choix de l'emplacement d'une capitale, le detail du budget, les dedomagements des agriculteurs dont les terres ont ete requisitionnees, les appels d'offres... un vrai mode d'emploi pour vous lancer a votre tour). Ca c'etait avant qu'un des deux architectes en chef ai la mauvaise idee de s'ecraser avec son avion en Egypte ; du coup, ce que tout le monde a retenu finalement c'est que c'est Sa Suffisance Le Corbusier qui a fini par trace les grandes lignes de Chandigarh, jetant les projets bases sur le concept de "jardin anglais du XIXeme" de ses predecesseurs a la corbeille (ou directement par la fenetre, a l'indienne, en somme).

Quelques annees plus tard, les desirs du maitre ont plutot ete respectes, les developpements ayant colles religieusement a sa vision d'une cite anthropomorphique, fluide, humaine. C'est bien ce contraste avec les autres cites indiennes qui vous flatte et vous retient. C'est aussi la preuve que le chaos de la circulation, la fureur qu'on trouve ailleurs ont pu, au moins ici, etre domestiques. Cela on le doit a un decoupage stricte ; les secteurs, des blocs de 1200m x 800m, sont les entites voulues comme autarciques qui se positionnent a la perpendiculaire et a la parrallele les unes des autres ou on doit pouvoir trouver commerces, lieu de travail, ecoles, lieux de cultes, toutes les bonnes raisons pour devenir sedentaires. Ces secteurs dont la ligne d'horizon a ete limitee a deux etages sont le territoire des pietons, des velos a la rigueur. Dans la realite on ne coupe pas a la course d'un autorickshaw (une sorte de fourgonette a trois roues, ou vous feriez bien de ne pas monter avant de vous assurer que le conducteurs connaisse sa ville et votre hotel) pour trouver ailleurs ce qui fait defaut dans le secteur.

L'autre bonne raison de circuler de toute facon c'est pour aller visiter la tete de la cite ; le parlement regional, le palais de justice... tous les batiments disposes comme dans un showroom a la gloire de l'urbanisme moderniste. Pour aller constater ces perspectives ingenieuses, ces espaces degages ou il semble qu'on vit mieux il faut montrer patte blanche, obtenir le precieux laisser passer aupres d'un bureau dedie ou s'entasse une dizaine de fonctionnaires, sans ordinateurs, sans equipements, juste des piles de formulaires a vous faire remplir et ceux deja noircis qui s'empilent un peu partout. Et pour faire encore un peu l'article, vous etes pousse de partout pour finir par atterrir au jardin de pierres de Nek Chand, le facteur Cheval local, qui a batit secretement son univers hallucinant pendant que Le Corbusier en faisait des tonnes. On sait pas trop comment qualifier ses statues de beton et de pieces de recuperation mais sous le nombre de figurants, le charme, et toute facon, opere.

C'est les tarifs de l'hotellerie d'une ville de priviliegies qui nous met finalement a la porte ; la prochaine direction c'est Amritsar la capitale des Sikhs, et ca tombe bien, c'est qu'ils commencaient a nous intriguer ceux-la.