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Bourlinguer
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10 mai 2006

Tachkent - Ouzbékistan

        Tachkent est l'alpha et l'oméga du voyageur qui veut circuler en règle dans ces contrées. L'Eldorado que partent chercher ceux dont les visas arrivent a expiration. On vient de partout tant la concentration d'ambassades y est importante. Qui souhaite, par exemple, prolonger la durée de son séjour Kirghize y trouvera un consul bienveillant qui lui offrira trente jours supplémentaires contre quarante dollars. Oui mais c'est que pour y retourner au Kirghizistan, l'itinéraire du bus mord sur quelques kilomètres le territoire kazakhs. On bénit Staline et son découpage idéologique de la région et on remet la somme de quatre vingt dollars à l'ambassade concernée. On vous y recevra tous les jours de neuf heures à midi. On n'accepte que du cash. On s'exerce alors a l'arithmétique, on optimise le parcours, on contourne les frontières. Démonstration pour se rendre a Kachgar ;

                            - un visa Ouzbek double entrée (soixante dollars)

                  - un visa kirghize double entrée (quatre vingt dollars)

                  - un visa chinois en express (soixante dollars)

    Arrive à ce stade on ce dit que la ressource du voyage c'est l'argent. On se trompe. Le fuel des déplacements, c'est le temps. Arrive a l'ambassade, on se croit chanceux ; la semaine dernière c'étaient congés. Vous auriez fait le voyage à la capitale pour rien. Seulement, demain, c'est le jour de la Victoire. On se tourne les pouces. Alors, comme on est au sortir du week end, vous comprendrez que le corps diplomatique fasse le pont. Vous voila donc coince a Tachkent pour soixante douze heures. L'hôtellerie va faire fortune.

    Avec plus de deux millions d'habitants, la capitale est la plus grosse zone urbaine centre asiatique. On commence par se montrer méfiant ; son organisation toute soviétique, ressemble fort à celle de Samarkand qui vous avait fait mauvaise impression. On passe la demi journée pour rechercher le centre, un point auquel se rattacher, puis autour duquel on évoluerait, jamais trop loin. Et puis, on commence a y prendre gout a ces rangées d'arbres qui vous permettent de circuler a l'abris du soleil, a ces parcs, a cette circulation éparse, qui parait en fait anecdotique une fois ramenée aux largeurs de ces immenses avenues. On profite également de la fraicheur de son métro au design un peu art nouveau. Les photos y son interdites. Dommage.

    Il vous faut connaitre deux ou trois rues. Avec ce repère, impossible de se perdre. L'avenue Gogol, par exemple, c'est celle des ambassades. Elle n'existe que le matin à neuf heure pour réapparaitre le soir a dix sept heure, au rythme des demandes et des retraits de visas, en fait. Entre temps, elle s'éclipse. On peut y voir les longues files des candidats a l'exil. Au jeu de la popularité, la Turquie sort vainqueur. Question classe, Paris est en tête, forcement. Sur Broadway, on retrouve les foules. Cette allée qui longe le palais des Romanov abrite les petits restaurants, les forains les jours de brocantes et les clubs de strip tease. On y mange d'ailleurs en famille ; autres mœurs. Le poumon commercial est à Chorsu. Paradis des photographes, le marche aux primeurs est un incontournable. En son centre, un immense dôme qui se découvre comme on ouvre une boite a épices ; explosions d'odeurs, de frénésie, de mains tendues vers vous avec des fruits secs, des boulettes de yaourts, du miel...

    Le temps vous file entre les doigts. C'est qu'on marche beaucoup pour se rendre d'un endroit à l'autre. Le métro aurait fait l'affaire, mais tout est écrit en cyrillique. On se fait avoir une fois, pas deux. Les papiers sont en règles, la carte visa vous comble de devises (de grosses briques de billets qui vous déforment les poches), on pourra repartir demain. Presque à regret. On aurait aimé s'imprégner de la culture Ouzbek encore un peu plus. Et puis ce sont les gents qui se chargent d'infléchir la course de votre trajectoire. On repasse devant ce type qui vous avait indique le chemin hier. Main sur le cœur, il vous propose un tour de la ville. Les choses s'enchainent ; vous partagez le repas familial. Vous trinquez au voyage avec du cognac russe. Avec votre hôte. Avec son père. Avec le frère. Ce soir vous coucherez dans la résidence secondaire. Pour la chambre, y'a qu'a choisir ; c'est que tout le village leur appartient. On file vers la banlieue, on s'est d'abord mis d'accord sur la bande son. De la dance locale ? Surement pas ! Le lascar a passe trop de temps a Londres pour être tolérant avec cette soupe folklorique qu'on retrouve des rives du Bosphore jusqu'au Tian Shan. Ce sera du Hip Hop. De l'américain, du sérieux. On passe un partie de la nuit comme dans un clip a faire le tour de ses amies. Toutes qu'il me présentera ; des coréennes, des kazakhs, des russes. Pour être un drôle de pistolet, mon hôte n'est en tout cas pas sectaire. En Californie il serait surement producteur. Ici il est procureur.

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