Turkmenabat - Turkmenistan

Les postes de controle constituent une unite de ∑mesure interessante pour apprecier notre progression dans le desert du Repetek, frontiere naturelle avec l’Afghanistan. Positionnes tous les 50 km, ils donnent lieu au meme rituel ; mines graves des militaires ; depassement de la file de camions turques, iraniens, turkmenes ; poignees de mains avec les fonctionnaires ; plaisanteries ; tapes sur l’epaule ; quelques noms de contacts glisses au fil des conversation ; inventaire de leur vocabulaire francais... et la caravane passe.

Le desert est plutot valonne ; des buissons eparses cassent la continuite de ce tapis blond. Des silhouettes de dromadaires qui se detachent, d’imposantes tortues, les traces de passage de serpents et leurs predateurs Zemzen – de gros lezards proteges. Et puis on retrouve la trace du chemin de fer, on apprend que la liaison vers l’Ouzbekistan n’existe plus et qu’apres avoir traverse le Repetek la ligne vient mourir a Turkmenabat.

Turkmenaba∆t tranche avec les autres villes que nous avons croise. La pauvre qualite des routes, par exemple, nous rappelle que nous sommes a 600 kmde la capitale, beneficiaire de tous les investissements publiques. L’architecture est influence par la forte proportion d’ouzbeks dans cette partie-la du pays. Au final la ville est plutot agreable. Sa decoupe a angles droits, la terre battue qui remplace l’asphalte des que l’on quitte les arteres principales, les maisons individuelles sur un etage qui repondent avec humilite au gigantisme d’Asgabat, sur leur front, les couloirs ombrages des tonnelles sur lesquelles poussent la vigne. En fonds sonore, les bruits de basse cours.

L’ami de famille qui nous heberge vit seul dans une vaste et elegante maison. Businessman lui aussi ; son activite a de quoi rendre perplexe ; je partage ainsi ma chambre avec une imposante turbine pour moteur de semi-remorque, alors que la cour est peuplee par une foule de pieces servant a la construction, d’elements de mecanique et de materiel de vinification. Avec toute sa famille partie vivre a Moscou (qui apparait comme un haut lieu d’emigration avec New York), le vieil s’est passionne pour la viticulture. Il a plante du chardonnay et produirait si ma comprehension est bonne 120 bouteilles par an. C’est cependant avec un vin georgien que nous portons toasts sur toasts.

Sa gentillesse ne s’arrete pas au gite et au couvert. Il passe ainsi un moment au telephone, reuni des amis et participe ainsi a l’incroyable chaine de solidarite a laquelle je m’agrippe depuis mon arrivee. Un de ses compagnons se chargera de convertir mes dollars en soms. Un autre est haut grade de l’armee, mon passage de la frontiere ne devrait pas poser de probleme, cote turkmene. La, c’est la fille d’un autre qui est marie a un garcon de Bukhara, ma destination prochaine. Son pere assurera sans probleme mon voyage depuÅis la frontiere jusqu’a l’ancienne ville sainte.

Tout le monde semble satisfait du plov et de la tournure des evenements. Ma derniere soiree dans cette drole de republique s’acheve sur la projection d’un Jean Claude Vandame sous-titre en Russe.